STAGE COLLEGE organisé par le SNES-FSU de Nice

Le 02/04/2015 au collège Romée de Villeneuve Loubet

En préambule du stage, Jean-Pierre Laugier, co-secrétaire général académique annonce la tenue d’un congrès exceptionnel sur le collège le lundi 18 mai au CIV de Valbonne.

Le stage était animé par Vincent Bellegueulle professeur d’anglais dans l’académie d’Amiens et co-responsable du secteur national collège.

Les difficultés du collège

Dans son discours, la Ministre de l’Education fait peser tous les maux du système éducatif français sur le collège. Or, certaines études montrent que, si le collège ne parvient pas à résorber les difficultés des élèves, ces lacunes ne s’aggravent pas pour autant entre l’entrée en 6e et la 3e.

Au niveau du 1er degré, les problèmes sont de plusieurs ordres : une formation des personnels insuffisante et indigente (par exemple on ne les forme pas à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture), de plus en plus d’élèves par classes au fil des ans, une intégration des élèves à besoins spécifiques sans forcément de moyens en AVS… Le collège est confronté à des difficultés similaires et à des dotations chroniquement insuffisantes qui font qu’il se retrouve “asphyxié”.

Les tentatives depuis ces dernières années de transformer le collège ont finalement eu peu de répercussions. Même si des collègues y ont cru pendant un temps, la plupart d’entre eux ont fini par se rendre compte qu’ils s’agissait bien souvent de mesures inefficaces et chronophages (note de vie scolaire, livret de compétence, etc.) et ont décidé de les contourner… ce qui s’annonce beaucoup plus difficile avec la réforme à venir !

En fin de compte, la mesure qui a eu le plus d’impact sur le fonctionnement du collège, mais dans un sens négatif, a été l’assouplissement de la carte scolaire.

Le socle

Le bilan de la consultation sur le socle a été publié et fait près de 200 pages (1). Le CSP s’en est servi pour réécrire le projet de socle. Mais la DGESCO a par la suite supprimé certains passages intéressants proposés par le CSP. Au final, le nouveau socle pose moins de problèmes que l’ancien. Avant, il y avait d’un côté le socle et de l’autre les programmes ; certains élèves n’avaient droit qu’à un “SMIC culturel”. Or, le nouveau socle intègre la dimension culturelle absente du précédent et il doit fournir un cadre général aux programmes disciplinaires.

Réforme du collège

Une première session de discussions a eu lieu mi-mars avec Bernard Lejeune, directeur adjoint du cabinet de la ministre et Florence Robine, directrice de la
DGESCO.

Un des maîtres-mots qui guide cette réforme est l’individualisation de la pédagogie alors que les travaux de chercheurs, comme Stéphane Bonnery, du groupe ESCOL, le GFEN ou le GRDS montrent que cette méthode est loin d’être la solution pour répondre aux difficultés d’apprentissages des élèves, voire enferme les élèves dans leurs difficultés (2).

La nouvelle structure du collège devrait se mettre en place à la rentrée 2016, d’après les projets du Ministère. Elle prévoit de renvoyer beaucoup de décisions au local et constitue une baisse horaire déguisée pour les disciplines.

Les EPI (Enseignements pratiques interdisciplinaires) proposent de traiter des objets en interdisciplinarité, en lien avec les programmes. 8 thèmes sont proposés dont 6 à traiter au cours de la scolarité au collège. Le conseil pédagogique (CP) détermine les thèmes par niveau, les disciplines qui vont y participer, le mode de regroupement des élèves (par compétences ou pas) et de recrutement dans les groupes, l’organisation des groupes - en barrettes ou pas… avec leurs conséquences sur la complexification des emplois du temps et les risques d’inégalités croissantes entre établissements. Le CP aurait un pouvoir décisionnaire sur l’organisation des EPI le CP serait chargé d’élaborer un document fixant l’organisation des EPI qui serait ensuite présenté en CA. De fait, le CP pourrait passer outre le respect du volontariat des enseignants impliqués dans les EPI.

Avec cette réforme, va se poser le problème du choix dans les dédoublements : au vu des dotations actuelles, il ne sera pas possible en effet de dédoubler à la fois l’AP (Accompagnement Pédagogique, généralisé sur tous les niveaux du collège) et les EPI, ou encore les heures d’enseignement disciplinaire. La ministre « souhaite » que les EPI soient dédoublés mais cela ne serait pas une obligation réglementaire. Enfin, contrairement à ce qui existait pour les IDD, aucune heure de concertation n’est prévue pour les EPI : cela fait partie des obligations de service des professeurs, selon le Ministère.

Le SNES-FSU n’est pas contre l’interdisciplinarité mais contre une interdisciplinarité imposée aux collègues, sur l’année entière et organisée par le CP dans sa composition et son fonctionnement actuel.

Grilles horaires

En 6e : 22.5 h + 3h réservées à l’AP.

En 5e-4e-3e : 22h + 4h (d’EPI ou d’AP dont 1 h min d’AP).

Pour les 2 cycles concernés, nous constatons donc une perte déguisée d’horaires disciplinaires (3h en 6e et 4h en 5e-4e-3e).

L’EMC (Education morale et civique) est fléchée en histoire-géographie dans les nouvelles grilles : 2.5 h HG + 0.5 EMC. Mais, selon la Ministre, à terme il serait bon que tous les enseignants participent à l’EMC.

Pour les langues anciennes : l’option continuerait à exister en plus de l’EPI mais avec une baisse des horaires (-1h en 5e et -1h en 4e). Cette option serait financée sur l’autonomie de l’établissement. L’EPI « langues et cultures de l’Antiquité” pourra quant à lui être pris en charge par un autre professeur que celui de Lettres classiques.
Notons que dans notre académie des fermetures de postes en lettres classiques ont eu lieu dans des collèges où il n’y avait plus d’enseignement du latin. Le SNES-FSU s’y est opposé en arguant que la fermeture de ces postes impliquerait la disparition définitive de l’enseignement du latin dans ces établissements. Au final, il semble assez évident que le but du Ministère est de se débarrasser des professeurs de lettres classiques, lesquels « coûtent » des heures en ETP (2600 postes sur la France). Si ces professeurs étaient « reclassés » en lettres modernes, cela permettrait de résorber partiellement les difficultés de recrutement d’enseignants dans le second degré.

En SVT / technologie / sciences physiques les horaires sont globalisées en 6e avec un bloc de 4h. Un aspect positif : les sciences physiques reviennent. Mais cette globalisation va avoir des répercussions sur les services. L’EIST qui n’a pas fonctionné sera plus difficile à rejeter. Cela va conduire à une mise en concurrence des collègues et des disciplines entre elles ainsi qu’à une précarisation des postes.

En LV  : 4,5 h en 6e et en 5e la création d’un horaire de LV2. La possibilité d’avoir des classes bilangues est restreinte aux élèves qui auraient fait une autre langue que l’anglais en primaire et sans obligation - car elles seraient financées sur le “pot commun” de l’établissement. Les classes européennes sont quant à elles supprimées. Sans classes européennes ni bilangues, les collègues qui enseignent dans une autre langue que l’anglais risquent, dans de nombreux cas, de se retrouver sur des postes partagés et la diversité de l’offre linguistique risque fort d’être menacée.

Pour les enseignements artistiques, on note une amélioration par rapport à l’existant puisque les horaires ne sont plus globalisés : 1h est fléchée pour l’éducation musicale et 1h pour les arts plastiques. C’est une avancée à confirmer lors du CSE du 10 avril. Il faut que les collègues des disciplines concernées restent mobilisés !

Nouveaux programmes

Les projets de programmes seront proposés en mai après la présentation de la réforme du collège en CSE. Il n’y aura sans doute pas de demi-journée banalisée de consultation des personnels ; la FCPE a en effet gagné un recours dans l’académie de Rouen à la suite de la demi-journée banalisée pour la consultation sur le socle.

En 2016, tous les programmes devraient changer pour toutes les disciplines et sur tous les niveaux. Les nouveaux manuels risquent de ne pas être prêts. Et quid des crédits d’Etat ? Seront-ils suffisants pour renouveler l’ensemble des manuels ? Et surtout, la charge de travail pour les enseignants va être décuplée. Les collègues de technologie qui ont déjà vécu cette expérience lors de la dernière refonte de leurs programmes se sont très vite aperçus que cela était tout bonnement impossible à mettre en œuvre.

Dans les projets de programmes en préparation l’organisation en cycles ne laisse pas de place à des repères annuels forts :

  • Programmes du cycle 3 (= CM1/CM2/6e )
  • Programmes du cycle 4 (= 5e-4e-3e)

En plus de ces nouveaux programmes, il faut ajouter la mise en place du PEAC (Parcours d’Education Artistique et Culturelle) instauré par la circulaire du 03/05/2013, du PIIODMEP (Parcours Individuel d’Information du Monde Economique et Professionnel) et de l’EMC pour la rentrée 2015 ainsi que des EPI, à la rentrée 2016.

Evaluation

Des discussions doivent s’ouvrir au mois de mai sur la question de l’évaluation. Nous pouvons avoir des inquiétudes sur le projet qui se dessine et dans lequel la note est envisagée comme stigmatisante.

Conseil école-collège

Le SNES-FSU y voit un danger, celui de permettre au chef d’établissement d’imposer aux collègues en “sous-service” d’aller enseigner quelques heures en primaire. De leur côté, nos collègues du 1er degré semblent moins opposés à ce conseil. Pour certains professeurs des écoles (PE), cela est même vu comme une « bouffée d’oxygène ». Les luttes de ces dernières années leur ont permis de diminuer leur charge de travail et d’obtenir l’égalité salariale. Certains tendent aujourd’hui à devenir de plus en plus monovalents et la possibilité d’exercer en collège leur apparaît donc comme légitime. Il demeure crucial de montrer un front commun au sein de la FSU sur ces questions vis-à-vis du Ministère.

Par ailleurs, ce conseil constitue une nouvelle charge de travail supplémentaire, alors que l’instauration du conseil pédagogique date d’il y a moins de 10 ans. La coupe commence à être sérieusement pleine : conseil pédagogique, conseil école-collège, conseil de cycle pour déterminer la progression dans le cycle… Au final, nous risquons d’avoir en moyenne au moins 1 réunion / soir / semaine.

Au moment de la création du conseil pédagogique, le mot d’ordre dans certains établissements a été de boycotter cette instance. Mais avec des résultats mitigés car ils fonctionnent parfois aujourd’hui avec des collègues « inféodés » au chef d’établissement. Le SNES-FSU doit réfléchir à un mot d’ordre général plus offensif, plus clair et plus global au sujet de la multiplication de ces instances.

6e SEGPA

La nouvelle circulaire en cours de discussion s’appliquerait à la rentrée 2016 (3). Les élèves relevant de la SEGPA seraient inclus dans les effectifs des classes ordinaires. Et occasionnellement retirés pour travailler en classe SEGPA avec le professeur des écoles spécialisé. Quand ils sont inclus, le PE accompagnerait les élèves de SEGPA en classe ordinaire. Aucun temps de concertation n’est prévu entre le PE et le professeur de la classe. Et comment le PE pourra-t-il aller dans toutes les classes en même temps ? Une expérimentation a été menée à Lille d’où il est apparu que cette organisation est une véritable usine à gaz. Enfin, les rédacteurs de cette circulaire semblent faire une confusion entre les publics ULIS et SEGPA, traités sur le même mode. Notons ainsi que dans notre académie, des fermetures de SEGPA ont été décidées pour pouvoir ouvrir des ULIS.

Action

Le SNES-FSU quitté les discussions (4) (avec le SNALC, FO et la CGT) à laquelle sont restés le SE-UNSA et le SGEN-CFDT. En cause : l’article 2 du projet de décret qui impliquerait la fin des horaires nationaux. Cette proposition n’avait jamais été jusque-là discutée avec les syndicats.

Une date d’action va sans doute être posée en mai pour le second degré. Cela sera vraisemblablement une journée d’action intersyndicale.

D’ici là, n’oubliez pas de signer et de faire signer la pétition “Réforme du collège, HORS-SUJET” en ligne sur : http://petitions.snes.edu/?petition=32

Dernière minute :

Dans un entretien paru dans le Nice-Matin du 4 avril, la Rectrice annonce que la réforme du collège “sera testée, dès septembre, dans notre académie par des collèges volontaires. Nous attendons, dans les prochains jours, les candidatures et projets d’établissements”. Nous appelons donc les équipes éducatives à la plus grande vigilance et à refuser toute tentative d’application anticipée de la réforme dans leur établissement.