26 janvier 2007

Mutations, Carrières

Déclaration liminaire du SNES-FSU et du SNESUP-FSU à la CAPA des certifiés du 26 janvier 2007

Cette instance paritaire pour les certifiés est la première à se tenir après des changements nombreux au niveau de la Division des Personnels Enseignants au rectorat de Nice, en mouvement de personnels il s’entend, malgré cela nous nous félicitons de la qualité des échanges qui ont pu être maintenu avec les gestionnaires et qui ont permis de mener à bien notre travail de représentant élu des personnels. A noter que cette année, comme nous le demandions depuis longtemps, nous avons eu communication de la date de la dernière inspection des personnels portant ainsi notre niveau d’information à celui de l’administration.

Vous connaissez la situation de notre académie et l’appréciation que nous portons avec d’autres organisations syndicales sur la rentrée 2007. Nous l’avons rappelé dans la déclaration commune de tout à l’heure et de mercredi lors du CTPA. Je n’insisterai donc pas davantage, mais je souhaite que chacun l’ait bien à l’esprit le jour où nous examinons les promotions des certifiés, car c’est bien une nouvelle dégradation des conditions de travail qui pour l’instant nous attend dans nos établissements.

Mais à cela s’ajoute une conception totalement dénaturée de notre métier : vouloir nier qu’un enseignant doit être concepteur de son enseignement, vouloir faire croire que les heures de cours ne nécessitent pas de préparation, vouloir déqualifier notre métier en imposant la bivalence voire la polyvalence ; cela ne peut conduire qu’à un service public d’éducation qui sera dégradé et qui ne permettra pas la nécessaire élévation dans les prochaines années du niveau de formation de la jeunesse.

Cela pourrait déjà largement suffire à expliquer la colère de nos collègues, mais notre employeur en rajoute encore. Après avoir privé de la hors classe de nombreux collègues en fin de carrière, il demande courageusement aux recteurs de promouvoir dès le 7e échelon des personnels à la hors classe tout en rappelant quelques lignes plus haut qu’il faut d’abord utiliser toutes les promotions possibles avant d’utiliser la hors classe ! Quelle cohérence. Nous vous disons solennellement aujourd’hui que nous demandons au recteur de ne pas utiliser cette possibilité donnée par le ministre, il nous semble que permettre au recteur, aux IPR et aux chefs d’établissement de « choisir » 27% des promus est déjà très largement scandaleux et tout aggravation serait considérée comme une véritable déclaration de guerre par les personnels. Sur cette question nous pensons que l’ensemble des organisations syndicales sera une nouvelle fois uni.

Le ministre décide aussi de manière unilatérale de modifier nos statuts en pillant le décret de 1950 pour imposer plus d’heures, dans plusieurs établissements éloignés sans aucune limite géographique, (et que l’on ne vienne pas nous dire que l’administration regarde un quelconque distancier pour affecter avec ce que vivent cette année nos collègues TZR !), plusieurs disciplines et en faisant croire que des heures nous sont payées de manière indue pour des tâches qui n’existeraient pas ou plus, comme la gestion des cabinets et laboratoires ou la préparation sur deux ans du baccalauréat !

Nous ne pouvons non plus passer sous silence la réalité de nos traitements, et nous nous félicitons que mêmes les économistes l’aient tout récemment demontré. En effet, ce que nous disons depuis plusieurs années et que nos collègues constatent au quotidien, à savoir la baisse importante de notre pouvoir d’achat : plus de 20% en 20 ans ! Le calage récent de nos salaires sur l’inflation des deux seules dernières années ne suffit pas. D’autant que se rajoute à cette perte, un glissement salarial important : en 1981 un certifié était recruté à une rémunération de base 2,07 fois supérieure au SMIC, le salaire d’embauche aujourd’hui ne représente plus qu’1,14 fois le SMIC ! On est bien loin des 4 100 € en fin de carrière annoncé dans les médias par le ministre Copé.

Pour notre part, et plus que jamais, nous continuons à exiger une augmentation du point d’indice et une refonte de la grille indiciaire permettant une carrière accélérée en 20 ans avec un rythme unique d’avancement : celui du grand choix actuel avec un échelonnement indiciaire de 495 à 782 intégrant les actuels indices de la hors classe dans une carrière en 11 échelons.

Pour l’instant malheureusement la réalité est tout autre : c’est la présence voire l’omniprésence du mérite car comment appeler une différence de traitement qui peut atteindre sur une carrière 131 000 € ?! C’est la différence de traitement entre un collègue qui fait toute sa carrière à l’ancienneté et un autre au grand choix. Une telle situation nécessite pour le moins rigueur, équité et transparence et cela n’est pas toujours le cas.

Nous avons une nouvelle fois pu faire un certain nombre de constats, certes sur des échantillons qui ne représentent que les promouvables mais ces constats se répètent depuis plusieurs années. Nous pensons qu’il est indispensable de mener un travail en commun avec l’administration rectorale et les corps d’inspection pour avoir une notation pédagogique gommant les disparités entre hommes-femmes , entre disciplines, entre type d’établissements, entre départements, au niveau du rythme des inspections ; assurer aussi une meilleure utilisation de la grille cible dans son ensemble et cela sans tarder. Nous souhaitons un engagement ferme de la part du recteur sur cette question.

Il n’est plus possible de continuer de constater année après année que par exemple dans le grand choix au 8e échelon, il y a 57% de promus en Eco-Gestion et 17 % en Documentation ; au 9e échelon, 50% en Espagnol et 11% en SVT ; au 10e échelon, 52% en Mathématiques et 17% en Anglais ; au 11e échelon 53% en Technologie et 10% en Lettres Modernes ! Les écarts par rapport aux ratios que fournissent les textes (30% pour le grand choix) sont plus qu’importants sur des cohortes quantitativement semblables et dont la taille permet normalement de « coller » à ces proportions.

Si on fait un examen en cumulant les promouvables du 8e au 11e échelon pour la promotion au grand choix, on peut constater la récurrence pour certaines disciplines à se situer années après années sous le ratio des 30% : Anglais 22% de promus, Documentation 24%, Histoire-Géo 28%, Lettres Modernes 26%, SVT 21%...

Nous avons également examiné parmi les non promus au grand choix ceux qui n’avaient pas eu d’inspection depuis juin 2001 et le constat est sans appel et il y a souvent corrélation entre non promotion et une absence d’inspection récente. Par exemple en Anglais, au 9e échelon, sur 31 non promus, 13 (42%) n’ont pas été inspectés depuis juin 2001 ; en Lettres Modernes, toujours au 9e échelon, sur 27 non promus, 15 (55,5%) n’ont pas eu d’inspection depuis juin 2001 ; en Documentation, au 8e échelon, ce sont 50% des non promus qui n’ont pas eu d’inspection (7 sur 14). Par ailleurs en Lettres Modernes se rajoutent 6 collègues qui n’ont pas été inspecté depuis leur titularisation et qui conservent la note pédagogique correspondant à leur rang au concours.

Des remarques et des constats à « 130 000 » ! comme on dirait aujourd’hui dans certains lieux !

Nous souhaitons vraiment que ce travail montre au recteur la nécessité de tirer un bilan des mesures prises les années précédentes pour l’accès à la hors classe et la nécessité de ne pas ajouter de nouvelles injustices détériorant davantage nos déroulés de carrière.