Texte adopté par le Conseil syndical vendredi 7 septembre 2007 à Nice

Pour : 33 Contre : 1 Abst : 0 RV :1

Sans surprise, les premières mesures gouvernementales et les premières lois votées à l’assemblée sont de la même veine et accélèrent la politique menée ces dernières années par le précédent gouvernement. S’abritant derrière la légitimité des urnes, qui ne serait remettre en cause la démocratie sociale, cette politique a pour credo l’amélioration des situations « déjà dorées » de quelques uns au détriment de l’ensemble de la population. Les exemples estivaux ne manquent pas. Faut-il rappeler que le bouclier fiscal de près de 15 milliards d’euros) va de fait aggraver le soi disant déficit trop important ? Le silence des éditorialistes et des économistes médiatiques sur la question est particulièrement inquiétant.

Haro sur les fonctionnaires et les services publics

La limitation du droit de grève dans les transports publics votée le 31 juillet par la nouvelle assemblée donne le ton de la conception des services publics de cette majorité. Vouloir intimider des salariés et bafouer ainsi une disposition essentielle de la constitution est inacceptable.
Dans le même temps les déclarations sur le nombre trop important de fonctionnaires, l’inefficacité de services publics, tout cela en liaison avec le déficit budgétaire et le soi disant « surcoût » de la fonction publique et des services publics n’ont qu’un seul but : le discrédit de la notion même de service public. Les partitions dissonantes des membres du gouvernement ne trompent personne : c’est bien un plan de rigueur pour les services et les personnels que prépare ce gouvernement.

Séisme dans l’éducation nationale

L’éducation nationale a été fortement médiatisée ces derniers jours, y compris par le président de la République par le biais de sa lettre aux enseignants : derrière les accents grandiloquents, les annonces de ce texte, loin de répondre aux défis actuels, sont essentiellement guidées par des logiques budgétaires. Pourtant, le déroulement de la rentrée 2007 montre combien la contrainte pèse déjà sur l’institution. Les ajustements de rentrée (utilisation des collègues remplaçants sur des postes à l’année, recours à la précarité) ne sauront longtemps masquer la pénurie dont notre secteur est frappé de plein fouet. Quid des postes en établissement ? Quid de l’offre de formation ? Quid de la mixité sociale lorsque la carte scolaire est fortement assouplie ? Quid de nos revalorisations salariales ? Si la victoire de la mobilisation des personnels contre le décret de Robien a permis de contrer les tentatives de casse du métier et d’augmentation de notre temps de travail, les perspectives tracées par le président de la république et le ministre de l’éducation pour 2007 et 2008 sont alarmantes. Ce n’est pas à coup d’heures supplémentaires majorées de 15% et défiscalisées (version éducation nationale du « travailler plus pour gagner plus ») que nous pouvons envisager une réelle revalorisation salariale ! Comment poursuivre la démocratisation du système éducatif alors que la baisse des heures de cours pour les élèves est programmée, que la voie professionnelle est explicitement abandonnée au patronat et que la diversité des séries est fortement compromise ? La lutte contre l’échec scolaire, dans toute sa diversité, se voit réduite à de l’aide aux devoirs dans les établissements EP1 alors que le problème de l’augmentation des effectifs par classe est balayé d’un revers de manche.
Le gouvernement, s’il poursuit dans cette voie, trouvera les enseignants sur sa route. L’annonce d’une possible extension du service minimum à l’éducation nationale est en soi un véritable casus belli.
Les vies scolaires, pièce maîtresse dans nos établissements, connaissent de réelles difficultés par la conjugaison de plusieurs facteurs : pas de créations de postes de CPE, recrutement au local des personnels de surveillance en nombre insuffisant, avec des contrats annuels instaurant une pression forte sur les personnels.
L’orientation de nos élèves pose des problèmes de plus en plus aigus : la disparition programmée des CIO et CoPsy et la volonté de plus en plus affichée de réduire les redoublements pour cause de coût financier et la gestion des flux en fonction des places disponibles dans les formations ne permettront pas à terme une amélioration et une élévation de la qualification.
Le mépris des personnels et les politiques menées confortent les hiérarchies locales dans des comportements autoritaires et antisyndicaux.

Organiser la riposte

Pus que jamais l’unité des forces syndicales, le soutien et l’action des parents d’élèves n’ont été aussi important pour gagner la bataille d’idées qui fait rage autour des services publics dans notre pays. Le Snes avec la Fsu prendra toutes les dispositions qui permettent de rassembler au-delà des divergences les différentes organisations qui défendent avec des valeurs communes le service public d’éducation, le système solidaire de santé, le pouvoir d’achat des actifs et des retraités, les retaites.
La signature par de nombreuses organisations syndicales et pédagogiques d’un manifeste pour défendre l’école va dans le bon sens. Mais il y a fort à parier que cela ne suffira pas pour entraîner derrière nous l’opinion publique et surtout pour stopper ce gouvernement dans des réformes catastrophiques pour nos métiers et pour le système éducatif.
C’est pourquoi le conseil syndical se prononce pour la mise en œuvre d’ici la fin octobre d’une action nationale d’ampleur mais aussi d’actions dans la durée (débats publics, forums locaux, forums départementaux, marchés, etc...) pour sensibiliser l’opinion sur la nécessité de services publics renforcés et en particulier celui de l’éducation. Dans cette logique le recours à la grève avant la fin du premier trimestre est incontournable. Faire mieux avec moins, ce n’est pas possible : les premiers chiffres concernant le budget 2008 pour l’éducation sont inacceptables. Si l’on veut relancer la démocratisation portée par les personnels ces dernières décennies, des moyens supplémentaires seront nécessaires pour préserver et enrichir l’offre de formation, et pour améliorer les conditions de travail des élèves et les nôtres.
Dans l’immédiat le CSA appelle tous les titulaires et non titulaires, à venir dénoncer la précarité et la flexibilité des personnels, et au-delà, la dégradation des conditions de travail et le manque de moyens mercredi à partir de 12h30 devant le rectorat, en participant au « barbecue de la solidarité ». Le conseil syndical soutient toutes les actions menées dans les établissements depuis la rentrée pour défendre le service public d’éducation.
Le conseil syndical appelle la FSU à poursuivre sa démarche de convergences avec l’ensemble des confédérations pour contrer les menaces qui pèsent sur les salaires et à œuvrer pour une véritable politique de revalorisation salariale.
Par ailleurs, la traque brutale et systématique des élèves sans papiers et de leurs parents constitue une honte pour notre pays. Le conseil syndical appelle les enseignants, en liaison avec le Réseau Education Sans Frontières, à défendre le droit à l’accueil, à l’éducation et à la dignité de leurs élèves sans papiers.