Le stage syndical organisé par la section académique du SNES-FSU le 26 novembre sur la réforme du lycée a réuni près de quarante enseignants, venus de nombreux lycées de l’académie et de plusieurs collèges.

La mobilisation majoritaire du 20 novembre a montré que la question de la réforme du lycée était l’une des questions majeures des évolutions possibles du système éducatif. C’est l’une des questions dont les enseignants se sont saisis et sur laquelle ils souhaitent faire valoir leur expertise.
En présence de Thierry Reygades, secrétaire national du SNES, responsable des enseignements technologiques, les participants ont pu aborder la cohérence des projets ministériels avec le rappel du dispositif des bacs pros. La réforme du lycée dont la mise en œuvre est inféodée aux restrictions budgétaires se fait à marche forcée (voir le calendrier) sans consultation des personnels, au mépris des champs disciplinaires, des élèves et du métier, elle est donc inacceptable.


Sur ses principes :

  • elle s’inscrit dans la logique du tri et de l’individualisation : la structure proposée et les modalités de choix des parcours accentuent la hiérarchie des séries en profilant les poursuites d’étude dès la seconde, la liberté est donc laissée à l’élève de construire un parcours incohérent et fragile dont il portera seul la responsabilité
  • le point d’étape au 21/10 qui ne fait pas état du cycle terminal, propose un projet pour la seconde qui demande aux élèves de se positionner sur des choix sans connaître la structure et les contenus de la suite de la formation
  • elle amplifie l’autonomie des établissements, ce qui les met en concurrence sur l’offre proposée et pourrait se traduire pas une spécialisation de certains dans les formation les plus attractives
  • elle renvoie au local des moyens alloués à la résorption de la difficulté (module d’aide et de soutien) en dissociant cette aide des champs disciplinaires, ce qui, on le sait, ne permet pas de lutter efficacement contre l’échec
  • elle passe sous silence la nécessité de travaux en effectifs réduits avec les élèves, réels facteurs de réussite, pourtant demandés par les élèves eux-mêmes
  • elle ne prévoit pas de consultation de la profession, pas de prise en compte de son expertise

Sur l’offre de formation

  • Cette réforme modifie considérablement les champs disciplinaires, soit en revoyant les horaires qui leur sont impartis à la baisse, soit en en redéfinissant certains : SVT et Physique Chimie deviennent ainsi sciences expérimentales dans le tronc commun, sans plus de précisions sur les liens de ce nouvel enseignement avec les deux disciplines antérieures.
  • L’indignation des collègues s’est plusieurs fois exprimée face à la redéfinition des programmes qui pourrait se faire en quelques mois sans prise en compte de l’expertise acquise sur les disciplines et les pratiques pédagogiques mises en œuvre.
  • La fragilisation des disciplines qui ne sont pas dans le tronc commun de seconde a également été rappelée.
  • La dissociation des dispositifs d’accompagnement des champs disciplinaires est tout aussi inacceptable

Pour les élèves

  • La réforme repose sur des annonces démagogiques sur les bienfaits d’une prétendue liberté offerte à l’élève dans la construction de sa formation alors que cette liberté peut donner lieu à des parcours fragiles.
  • Les risques d’une mise en concurrence des formations ont été abordés puisque la structure enseignements généraux / modules de découverte et d’approfondissement renforce la parcours scientifique au détriment des autres parcours.
  • La question du devenir du bac a été soulevée à plusieurs reprises et l’attachement des collègues à un diplôme national, premier grade universitaire, garant de l’équité sur le territoire a été rappelée.
  • La relation au groupe classe est fragilisée par la structure modulaire alors que l’on sait combien le groupe classe est un facteur de positionnement et de progression.
  • Des interrogations ont été exprimées sur ce devient l’élève qui échoue module après module.

Pour le métier

  • le problème de l’évaluation a été soulevé à plusieurs reprises : quelle évaluation des modules, quel rôle pour cette évaluation, comment concilier une évaluation qui prendrait de plus en plus la forme d’un contrôle en cours de formation avec la maintien du bac ?
  • le principe même de l’évaluation est fragilisé si le module n’a pas d’incidences sur le parcours de l’élève dans le cycle terminal

Quel lycée pour le SNES ?

Le stage a été l’occasion de rappeler nos mandats pour la construction d’un lycée de la réussite de tous.
La réforme Darcos est à l’opposé de l’image que porte le SNES du lycée c’est à dire un lycée visant, par la diversité des voies non hiérarchisées à permettre la réussite de tous dans des parcours cohérents et enrichis : les séries . S’il est nécessaire d’œuvrer pour l’amélioration du fonctionnement du lycée, par la nécessité d’élargir la diversification en seconde notamment, par la découverte de nouveaux champs disciplinaires, par le rééquilibrage des séries, cela ne peut se faire qu’avec une consultation de la profession, dans le respect des champs disciplinaires et dans les délais respectueux des personnels, des usagers, pour offrir une formation de qualité et permettre la réussite de tous.
Il est apparu nécessaire de poursuivre l’information auprès de la profession et des usagers en dénonçant les cohérences du projet ministériel de la maternelle au lycée projet qui individualise dangereusement les parcours de formation, renvoie la gestion de la difficulté hors du temps du cours et revoit les exigences de formation à la baisse.
Dans le même temps, il est indispensable de continuer de porter nos propositions pour le lycée auprès des parents de collégiens et de lycéens mais aussi de poursuivre la consultation de la profession dans la perspective du congrès académique et national au printemps prochain.