Réussir l’élévation du niveau de recrutement au master

L’élévation du niveau de recrutement au master est un enjeu majeur pour le système éducatif et c’est un point d’appui important pour la revalorisation de l’ensemble de la profession.
Elle doit permettre :

  • d’ancrer solidement notre profession parmi les statuts les plus élevés de la fonction publique
  • de réaffirmer que nos métiers sont des métiers de conception et non d’exécution.
    Pour autant, élever le niveau de recrutement ne va pas sans prise en compte du vivier d’étudiants susceptibles de présenter les concours ainsi que des postes offerts aux concours. Pré recrutements, bourses sur critères sociaux, ouverture de postes avec programmation des recrutements sur 5 ans sont indispensables pour garantir l’attractivité de nos métiers et permettre cet allongement de la durée des études.

Enseigner, un métier qui s’apprend !

D’autre part, enseigner, c’est un métier qui s’apprend. Le SNES porte l’idée d’une formation des maîtres conçue sur l’ensemble du cursus universitaire et des premières années d’exercice. Dans cet esprit, la formation universitaire doit être à la fois disciplinaire et pré-professionnalisante, de manière progressive. Le recrutement des enseignants, assuré par un concours national portant prioritairement sur les connaissances universitaires des candidats, doit déboucher sur une année de stage de formation initiale professionnelle organisée en alternance, avec des allers-retours entre formations théoriques et pratiques. Pour cela, il faut s’appuyer sur les expériences menées depuis plus de quinze ans et sur le potentiel de formation que constituent les IUFM, que ce soit en termes de personnels ou de structures.

Aujourd’hui, les dossiers des masters et des concours suscitent les plus vives inquiétudes.

Les concours : inadmissibles

Les maquettes de concours, en l’état actuel et malgré les évolutions que nous avons obtenues, font disparaître de nombreuses épreuves vérifiant la capacité du candidat à construire une réflexion. Elles instaurent la confusion entre vérification des connaissances et vérification des compétences professionnelles. Elles mettent en place une épreuve orale d’entretien sans lien avec la discipline et avec un coefficient disproportionné.
La logique est celle de la réduction du coût des concours et la réduction du savoir disciplinaire.

Une « mastérisation » qui n’est pas celle que nous réclamons.

Pour les masters, la FSU a interpellé à plusieurs reprises les deux ministres concernés pour dénoncer une réforme hâtive et préjudiciable au système éducatif et à ses personnels :

  • le refus d’un cadrage national des masters renvoie au local la définition de formation pour des fonctionnaires d’Etat
  • le calendrier au pas de charge rend quasiment impossible la concertation des différents partenaires et impose un bricolage inadmissible
  • la formation initiale en alternance (stage en responsabilité, stage en pratique accompagnée…) disparaît au profit d’un compagnonnage pour les néo recrutés !
    Cette réforme, en supprimant notamment la formation des néo recrutés, affaiblit considérablement les dimensions académiques et professionnelles de la formation des enseignants, affaiblit les IUFM et dilapide le potentiel de formateurs qu’ils représentent. Elle s’inscrit dans la lignée des restrictions budgétaires : supprimer l’année de stage qui suit la réussite au concours, en imposant un service de 18h aux néo recrutés, c’est réaliser des économies budgétaires considérables. Elle contribue à la grande braderie du système éducatif : comment répondre aux besoins d’un métier de plus en plus complexe quand la formation pratique professionnelle est réduite à des stages d’observateur en M1 etM2 ? Elle met aussi en difficulté les étudiants qui seront dans l’incertitude et devront faire des études plus longues sans aides, ni pré-recrutements, ni informations sur les postes offerts aux concours.

Nous demandons :

  • le maintien des concours actuels pour la session 2010
  • le maintien de l’année actuelle de stage pour 2010-2011
  • des mesures transitoires permettant l’amélioration de la formation des enseignants et la reconnaissance du master comme niveau nécessaire et reconnu pour l’entrée dans les métiers d’enseignants et de CPE
  • des coopérations entre IUFM et composantes des Universités et non des concurrences
  • l’ouverture de discussions sur l’articulation masters-concours (place et contenus des concours, cadrage national des masters)
  • une véritable formation universitaire progressivement professionnalisante suivie d’une solide formation professionnelle après le concours.
  • des aides sociales pour les étudiants et des pré-recrutements pour assurer un vivier suffisant d’enseignants
  • l’ouverture de discussions sur l’année de stage (contenu de formation, accompagnement de stage, modalités de service)
  • l’ouverture de discussions sur le rôle des IUFM
  • des créations de postes aux différents concours d’enseignants et CPE, Copsy et non des recrutements de précaires

Ces évolutions auront de lourdes conséquences pour le système éducatif.

C’est avec la mobilisation de tous que l’on portera l’idée qu’enseigner est un métier qui s’apprend et qui nécessite une réelle formation.

Corinne Gioanni

Samedi 17 janvier

Manifestons pour défendre le service public d’éducation