L’entrevue a eu lieu au Lycée Apollinaire à 19h30
Etaient présents
pour le SNES : Corinne Gioanni et Jean-Pierre Laugier
Pour le SNEP : Gilbert Orsi
La réunion avec les enseignants du lycée Apollinaire s’étant longuement prolongée, nous n’avons disposé que de 20 mn pour exposer à Richard Descoing les points ci-dessous, il a regagné son avion et la discussion s’est ensuite prolongée avec son conseiller.
1- Nous avons rappelé dans un premier temps que tout échange sur le lycée et ses possibles évolutions ne pouvait être mené hors des réalités de notre académie, c’est-à-dire des préoccupations quotidiennes des collègues et du malaise de la profession :
- dernière académie en termes d’encadrement en lycée, des effectifs surchargés (divisions à 34-36 les plus fréquentes)
- saignées importantes sur les postes depuis quatre ans (services sur deux établissements, non remplacement des départs en retraite, tentatives d’imposer des HS, recours massif à la vacation)
- manque de stabilité des équipes et dégradation de la situation de tous les personnels (titulaires et non titulaires)
- offre de formation rabougrie en lycée : une voie professionnelle trop peu diversifiée et qui évolue vers une stricte logique adéquationniste, une voie technologique insuffisamment développée et une voie générale dont la carte de formation ne cesse de se restreindre avec des établissements qui ouvrent à formation minimale (exemple du lycée de Drap) ou avec des redéploiements et non des créations de postes ( CPE et Documentation). Des budgets en baisse (AS) et la remise en cause du statut de l’UNSS.
- Une formation professionnelle réduite à portion congrue : 1,2 jour par enseignant par an dans l’académie, 4 jours difficilement utilisables en EPS
- Une orientation mise à mal par la charge de travail des CO-Psy (1 pour 1500 élèves)
- Des taux de sortie sans qualification importants (démobilisation des élèves), des taux de redoublements supérieurs à la moyenne nationale et des taux de réussite aux bacs technologique et professionnel inférieurs à cette moyenne
- La baisse du nombre d’adultes référents dans les établissements
Dans un tel contexte marqué par la pénurie budgétaire, nous avons signifié fortement que le préalable à toute évolution du lycée était la mise en œuvre de moyens importants pour le second degré et nous avons rappelé l’attachement de la profession à la démocratisation du système éducatif : faire entrer au lycée les 40% d’une classe d’âge pour lesquels la porte de la seconde reste fermée ; à l’élévation du niveau de qualification des élèves et à l’amélioration des conditions de travail.
2- Nous avons ensuite porté les revendications de la profession pour l’amélioration du fonctionnement du lycée :
- la nécessité d’un cadrage national fort pour les horaires, les contenus et les examens (rappel de notre attachement au Bac, dénonciation des dysfonctionnements du CCF en langues vivantes dans l’académie et EPS avec l’extension de la co-évaluation)
- le refus des dispositifs expérimentaux rarement pérennes et mis en œuvre au détriment de l’horaire disciplinaire
- la nécessité du rééquilibrage des voies de formation : nous avons dénoncé la mise en œuvre à marche forcée du bac pro 3 ans dans l’académie (dont on s’étonne qu’il ne fasse pas partie de la réflexion sur le lycée) qui ne rééquilibre pas la voie professionnelle et évince précocement une partie des élèves. Nous avons plaidé (pétition du lycée Rouvière à l’appui) pour un maintien fort de la voie technologique, facteur de démocratisation, avec une revalorisation ambitieuse des filières technologiques qui ne peut se traduire par la réduction de cette voie à des modules.
- l’attachement aux séries et leur nécessaire rééquilibrage : est-il admissible que dans la quasi-totalité des lycées de l’académie, la série L ne comporte que deux divisions ? et cela même dans les lycées qui comportent des CPGE lettres ? nous avons déploré le manque de formation scientifique suffisante dans la série littéraire
- nous avons rappelé le fort attachement des enseignants à leur discipline et la nécessité de prévoir, hors de toute définition préalable de l’horaire élève, des horaires disciplinaires décents afin de varier les situations pédagogiques (travail en groupes…) et de résorber les difficultés des élèves
- Sur la lutte contre l’échec scolaire : nous avons souligné l’incohérence de la politique rectorale qui pointe les difficultés des élèves mais ne semble pas œuvrer pour leur résorption : mise en œuvre à la hâte dans notre académie de dispositifs démagogiques : lycée de la réussite, stages de LV. Nous avons rappelé notre attachement au repérage de la difficulté dans le cadre de la classe et à la mise en œuvre de dispositifs d’aide raccrochés à la discipline (exemple de l’AI en maths et français).
- Concernant les demandes des élèves d’accéder à l’autonomie, nous avons souligné que celle-ci suppose des acquis méthodologiques forts et peut s’envisager à partir de dispositifs interdisciplinaires à condition que ceux-ci fassent l’objet de moyens réels et permettent la concertation entre les collègues (dénonciation du fonctionnement actuel des TPE)
- Nous avons souligné l’urgence de la mise en place d’une réelle seconde de détermination et le refus d’une mise en concurrence des établissements par le biais des formations offertes.
3- Sur le statut de la consultation :
Nous avons dénoncé le manque de lisibilité des diverses consultations de la profession :
- consultation académique mise en œuvre à la hâte, cadrage très important des débats par certains chefs d’établissement, absence de synthèse
- consultation organisée par Descoing dans deux établissements de l’académie, réunion des chefs d’établissements
- expérimentation dans 5 établissements de l’académie
Nous avons signifié que l’empilement des dispositifs nuisait à la lisibilité des consultations et semait le doute sur leurs objectifs réels !
Nous avons déploré le manque d’informations sur l’expérimentation déclinée dans l’académie (5 lycées expérimentaux) en l’absence de toute référence nationale, de critères précis …
Il nous a été rappelé que Richard Descoing ne pilotait pas l’expérimentation, que celle-ci s’inscrivait dans le cadre de l’article 34 de la loi Fillon et qu’elle ne déclinait pas le projet de l’ancienne réforme. Cette réponse a confirmé nos inquiétudes et nous appelons les collègues à la plus grande vigilance quant aux dispositifs expérimentaux proposés.
Vraisemblablement, l’objectif de Descoing et de ses conseillers était d’écouter ce que nous avions à dire sans rien dévoiler de ce qu’ils souhaitent ou envisagent pour la suite.
En tout état de cause, nous continuerons d’exprimer les revendications de la profession partout où nous en aurons l’occasion tout en menant l’action pour un lycée de la réussite pour tous.
Pour la section académique du SNES, Corinne Gioanni