17 juin 2008

Actualités

Déclaration liminaire du SNES-FSU à l’ouverture des FPMA

L’année scolaire qui se termine aura été marquée par la colère des personnels que nous représentons içi : de nombreuses grèves nationales et locales, des actions communes avec les parents et lycéens qui ont eu pour objectif de dénoncer la politique éducative nationale et ses déclinaisons locales et aussi de défendre nos salaires, l’emploi public et le système public d’éducation mis à mal par ce gouvernement dans ses fondements mêmes.

Les motifs de colère s’accumulent :

  • la potion du bon docteur Pochard qui n’a qu’ un seul objectif celui de dénaturer nos métiers et de dégrader le système éducatif : alourdissement de la charge de travail des enseignants, annualisation des services, retour de la bivalence en collège qui va à l’encontre de la nécessaire élévation du niveau de qualification des personnels et de l’enseignement, autonomie croissante des établissements outil qui pourtant accélère les inégalités socio-scolaires et territoriales, enfin en terme de gestion des personnels en voulant donner un pouvoir accru aux chefs d’établissements sur les promotions voire les mutations c’est dénaturer encore un peu plus à nos yeux le rôle principal d’un chef d’établissement à savoir animer une équipe éducative qui concourre en synergie à la réussite de tous les élèves, d’autant que le recrutement local des personnels des vies scolaires montre si besoin était la contre performance d’une dilution au niveau local d’un certain nombre de procédures
  • l’explosion du nombre de suppressions de postes dans les établissements (- 400 dans les collèges et lycées de notre académie) et ce n’est pas le vocabulaire du recteur qui calmera nos collègues puisque en linguiste distingué il parle de « fermetures administratives correspondant à une reventilation des heures et des services ! franchement de qui se moque-t-on ? et pourtant tous les indicateurs ministériels concernant notre académie sont dans le rouge : les plus mauvaise conditions de travail pour nos élèves et les personnels en lycée , et une situation peu glorieuse pour les collèges
  • dans le même temps le volume des heures supplémentaires explose à son tour, ce sont 3500 emplois nationalement qui sont ainsi transformés ! pourtant nos collègues ont clairement fait savoir que majoritairement ils refuseront ces heures supplémentaires et ministre et recteur auront à gérer dès la rentrée de septembre des heures de cours non assurées ; et autrement qu’en faisant des pressions inacceptables sur nos collègues pour les obliger à prendre ces heures supplémentaires de la honte qui auront comme résultat l’éviction d’un collègue de travail.

Faut -il voir dans les propos et les actes ministériels de ces derniers jours une prise réelle de conscience de la part du ministre Darcos, après les mobilisations réussies de ces dernières semaines, nous ne pouvons que l’espérer. Mais comptez sur nous et sur l’ensemble de la profession pour y être vigilant. Nous ne nous contenterons pas de certaines affirmations concernant la discussion qui s’ouvre sur la réforme du lycée et l’augmentation significative du nombre de hors classe ne peut pas dédouaner le ministre d’ouvrir de véritables négociations sur nos métiers et nos carrières.

Nos métiers et le service public d’éducation méritent bien mieux

Nos métiers nécessitent une qualification disciplinaire et une formation initiale de haut niveau : au moment où on nous annonce un recrutement à terme des enseignants au niveau du master, ce qui en soi est une bonne chose même si il faudra éviter certaines dérives, on évoque dans le même temps la disparition des IUFM ce qui reviendrai à considérer qu’enseigner n’est pas un métier qui s’apprend ! quel recul...

Le service public d’éducation doit être développé en développant l’offre de formation, les passerelles entre les diverses voies de formation, en assurant une véritable aide aux élèves en difficulté lors des apprentissages cela passe par la nécessité de travaux en petits groupes ou en demi classe avec de la remédiation assurée par des personnels qualifiés. Arrêtons de faire croire aux parents et à l’opinion que l’école ouverte rebaptisée accompagnement éducatif que l’on pourrait aussi appeler centre de loisirs éducatif peut se substituer à une véritable remédiation , arrêtons aussi de nous retirer des moyens pour mener à bien notre enseignement au quotidien et de dilapider des heures pendant le mois d’août !

J’en viendrai maintenant à ce qui nous réuni aujourd’hui à savoir le mouvement des personnels du second degré.
Le mouvement est une des plus importantes des opérations de gestion.
Numériquement : dans nul autre secteur n’est en même temps concerné un aussi grand nombre de salariés.

Politiquement, le but du mouvement est d’assurer la couverture harmonieuse des besoins du service public et de satisfaire les vœux des personnels dans l’équité et la justice : mieux les personnels sont nommés, mieux ils sont à même de remplir leur mission de service public. Or, la qualité du mouvement dépend de plusieurs facteurs.

a) Le carcan budgétaire : le vrai carcan n’est pas celui du statut (espace de protection du fonctionnaire et de garanties collectives et individuelles) mais celui de la pénurie budgétaire. L’accentuation des baisses des recrutements et la réduction de l’offre d’enseignement en continuité avec les années antérieures, les suppressions de postes qui en découlent rendent impossible un mouvement de bonne qualité et entravent la mobilité des personnels à l’inter comme à l’intra. L’application actuelle de la LOLF, notamment par le jeu de la masse salariale, du plafond d’emplois et des indicateurs de performances est destructrice pour le service public.

b) La structure du mouvement, en deux temps depuis 1999, réduit la mobilité générale des personnels et accroît les disparités entre les académies, c’est amplement démontré. Tout projet de déconnecter la titularisation de la première affectation et de la prise de poste, tout projet de régionaliser le recrutement... aura pour effet un blocage général du système des mutations.
Nous attirons votre attention sur une situation anormale : la date de publication de la circulaire pour l’Intra 2008a lieu une fois que nos collègues ont fait leurs vœux pour interacadémique sans savoir comment ils seront traités dans leur nouvelle académie ! En tout état de cause, le recteur aurait dû la publier dès décembre, lors de la saisie des vœux de l’inter, afin que les candidats à mutation soient pleinement éclairés sur la totalité des conditions de gestion de leur situation par l’administration.

C’est pourquoi nous revendiquons la reconstruction d’un mouvement national unifié permettant les mutations de poste à poste sur l’ensemble du territoire national, seul capable, s’il est nourri par des recrutements suffisants et l’implantation de nombreux postes dans un cadre paritaire rénové et renforcé, de conjuguer les intérêts des personnels et du service public, en garantissant une couverture équitable des besoins des académies, une meilleure satisfaction des vœux des personnels grâce à une plus grande mobilité, l’équité et l’égalité de traitement pour tous, par le respect de l’exigence de transparence.
Les résultats des mouvements de ces dernières années parlent d’eux mêmes nous les avons d’ailleurs largement commentés lors du ctpa de rentrée. Malheureusement le millésime 2008 ne va pas déroger à cette médiocrité il risque même d’être pire : avant fpm les chiffres sont accablants pour l’employeur et inquiétants pour nos collègues 1386 demandeurs volontaires 450 mutés (1 enseignant sur 3 obtient satisfaction) donc 2 enseignants sur 3 n’obtiennent pas de mutation !

c) Les barèmes : ils fondent l’équité et la transparence du mouvement en tant qu’opération de gestion, et s’ils sont bien évidemment non réglementaires et « indicatifs » (ce que tout le monde sait depuis toujours), pour autant, ils constituent la règle que l’administration applique à tous par note de service : nul ne peut y déroger sous peine de rompre l’égalité de traitement entre fonctionnaires dans la même opération de gestion.

Nous sommes attachés à une prise en compte de la diversité et de la réalité des situations individuelles, familiales et professionnelles au travers d’un équilibre des quatre grands blocs composant le barème : la partie commune, les situations administratives, les situations familiales, les choix individuels.
Institué comme règle commune de gestion, le système du barème implique la succession des opérations de correction et d’amélioration du projet de mouvement auxquelles seront dévolus les travaux de nos commissions paritaires ces prochains jours.

Les déséquilibres introduits ces dernières années, notamment par le système des APV, pèsent sur les flux généraux des personnels à l’inter comme à l’intra, et au prétexte de résoudre la question des établissements difficiles visent en fait à contraindre les collègues à des « parcours de carrière » définis par la hiérarchie et à dynamiter le système d’éducation prioritaire, en lien avec le dispositif « ambition réussite » que nous contestons sur le fond tant pédagogique que d’un point de vue de politique scolaire.
Les modifications qui ont porté sur le rapprochement de conjoints cette année sont contre productives : un souci louable et partagé par nos organisation au départ d’attribuer une bonification pour un « véritable » rapprochement de conjoint s’est traduite dans la circulaire contre notre avis par une écriture abrupte et restrictive qui conduit à des situations inacceptables : des personnels avaient depuis plusieurs années des points de RC et cette année ils les perdent au prétexte d’une circulaire qui a comme objectif essentiel de limiter le « coût de gestion » et au bout du compte de priver certains de nos collègues de la prise en compte de leur situation familiale. Nous vous demandons solennellement un engagement de revoir cette problématique pour que certes la logique de rapprochement soit bien prise en compte mais avec des critères logiques qui n’aboutissent pas à mettre nos collègues dans une situation encore plus difficile que ce qu’ils connaissent déjà.

Nous promouvons l’idée de mobilité choisie et volontaire, dans l’équité de traitement et la transparence des opérations, selon des critères lisibles et quantifiables : c’est un moteur important de satisfaction individuelle et d’efficacité professionnelle, qui permettent de libérer les énergies et les initiatives, de construire le travail d’équipe et renforcer le service public.
A contrario des visées gouvernementales de taylorisation et de déqualification des métiers de l’enseignement et de l’éducation, à rebours de l’idée de soumission accrue à des hiérarchies locales renforcées, nous affirmons qu’un mouvement de mutation de qualité est possible : à condition de nourrir une ambition forte pour le service public et le système éducatif, de respecter les personnels, leurs aspirations et leur volonté d’exercer pleinement le métier qu’ils ont choisi.

En guise de conclusion vous me permettrez d’adresser nos sincères remerciements aux gestionnaires de la DPE1, c’est comme cela dans votre dernier organigramme, qui travaillent dans des conditions de plus en plus difficile d’année en année, mais qui continue à assurer leur mission de service public avec pugnacité, efficacité et avec le sourire.