Toutes les mesures du gouvernement, dictées par un dogme libéral qui détermine de manière de plus en plus prégnante chaque projet de loi de finances, vont dans le même sens : la mise à mal de l’école et de tous les services publics.

Quand Bercy réforme l’école...
Le projet de loi de finances 2007 annonce plus de 8000 suppressions de postes dans l’éducation nationale (il est prévu de remplacer moins d’un retraité sur deux), essentiellement concentrées sur le second degré (près de 6000), qui continue de payer le plus lourd tribut à l’austérité budgétaire, au détriment de tous les personnels, avec des effets particulièrement dévastateurs sur les vies scolaires et les services d’orientation. Les motifs démographiques invoqués, qui représentent 2,5 élèves de moins par établissement, ne sauraient justifier une telle saignée, réitérée pour la troisième fois consécutive dans notre académie. D’ailleurs, dans le projet de loi de finances, seuls 2000 postes sont supprimés au titre de la baisse des effectifs scolaires, les coupes supplémentaires étant « justifiées » par des audits diligentés à point nommé par le ministère des finances, dont chacun connaît la valeur de l’expertise pédagogique...

Coup double : suppression de postes, mise à mal des garanties statutaires !
C’est dans cette logique que s’inscrit le projet de réécriture des décrets statutaires de 1950, qui constitue une agression manifeste. En effet, il s’agit ni plus ni moins :

  • d’amputer d’une part importante les décharges statutaires dans les collèges et lycées : heures de laboratoire, de cabinet, de vaisselle, de première chaire, ce qui revient à alourdir notre temps de travail tout en nous payant moins, alors que le contentieux sur nos salaires et pensions continue de s’aggraver ;
  • de flexibiliser et de dénaturer notre métier : bivalence pour tous (voire service complet dans une autre discipline pour les TZR), généralisation des compléments de service dans d’autres établissements, voire d’autres communes... Il n’est d’ailleurs pas indifférent de retrouver dans le projet de loi de finances pour 2007 un nouvel indicateur : « proportion des personnels qui enseignent dans plusieurs disciplines ».

Derrière le statut, le métier.
Derrière ces choix, il nous faut dénoncer la négation de la réalité et de l’évolution de nos métiers : depuis 1950, nos tâches n’ont cessé de croître et de se diversifier ; jamais l’exercice de notre profession n’a réclamé un tel investissement, de telles qualifications ; jamais le besoin d’une éducation de haut niveau, dispensée par des enseignants respectés et rémunérés en conséquence, n’a été aussi impérieux. Dans ces conditions, comment peut-on décemment revoir à la baisse des garanties qui auraient au contraire dû être étendues, tant par l’octroi d’une RTT que par la prise en compte des tâches supplémentaires diverses (concertation, suivi des élèves, coordination...) dans nos services ?
Désormais, enseigner, ce pourrait être faire « n’importe quoi, n’importe où, n’importe quand ».
Modifier ainsi les statuts, c’est affaiblir encore les droits qui nous protègent tous et nous assujettir de fait aux hiérarchies locales... La mise en œuvre des CDD et CDI en lieu et place de l’ouverture de postes au concours, rompt les principes élémentaires du service public sans régler le problème du chômage massif pour les précaires ; les premières discussions sur les modalités de la campagne 2007 de promotion à la hors-classe, qui prévoit de faciliter la promotion de collègues dès le 7e échelon de la classe normale ; les termes de la circulaire ministérielle sur le mouvement 2007, qui insiste sur le caractère « indicatif » du barème et mentionne explicitement la possibilité pour l’administration d’y déroger, corroborent la vision d’une agression que nous ne pouvons laisser sans riposte.

Construire une riposte à la hauteur de l’agression.
Face à une telle remise en cause des principes mêmes du service public d’éducation, il serait illusoire de s’imaginer qu’un bulletin de vote suffira à stopper et à inverser le processus... Aussitôt qu’ils seront déclarés et investis, les candidats aux élections seront interpellés, sur la base de l’ensemble de nos mandats. C’est également sur la base de nos mandats qu’une campagne d’information et de sensibilisation de l’opinion publique sera impulsée. En attendant, dans une période pré-électorale propice à toutes les surenchères et à toutes les outrances, le mouvement syndical doit prendre ses responsabilités, et le SNES en tout cas le fera, comme il l’a toujours fait : nous exigeons que le projet de réécriture des décrets de 1950 soit retiré, que des négociations sur notre temps de travail, sur l’ambition d’un service public d’éducation visant la réussite pour tous, sur les salaires et pensions soient enfin ouvertes.
Pour l’heure, le SNES appelle à la mise en œuvre et à la poursuite du plan d’action :

  • Poursuivons et accentuons la campagne de syndicalisation.
  • Continuons à refuser la mise en œuvre du Conseil pédagogique et de la note de vie scolaire
  • Accélérons la campagne de signature de la pétition nationale sur le temps de travail.
  • Participons tous à l’opération « VS-Vérité ».
  • Rassemblons-nous massivement devant le rectorat de Nice et l’inspection académique du Var mercredi 29 novembre à 14h30 pour une première remise des pétitions et des « VS-vérité » aux représentants du ministre.
  • Multiplions les initiatives locales dans nos établissements.
    Une heure d’information syndicale pourrait être déposée le lundi 27 novembre (à adapter aux situations locales) pour préparer la journée d’action et d’expression du 29, et pour envisager ensemble les suites de l’action, en mettant en débat une manifestation nationale unitaire dès le mois de décembre.
    Il importe en effet de créer dès à présent, par un travail de mobilisation de nos collègues, de sensibilisation de l’opinion et par l’instauration d’un rapport de force enfin favorable à la profession, les conditions d’une action de grève majoritaire, la plus unitaire possible, y compris à l’échelle interprofessionnelle, pour gagner.