Texte adopté

DENIERS PUBLICS, SOCIÉTÉ, SITUATION GÉNÉRALE

Le projet de budget 2010, sans surprise, se caractérise par la poursuite des orientations gouvernementales de ces dernières années et du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite : -37000 postes de fonctionnaires d’État (dont 16300 dans l’éducation et 6500 dans le seul second degré). Austérité, « État modeste » ? Pas pour tout le monde, car les cadeaux fiscaux continuent pour le patronat : baisse de la TVA pour la restauration (-3 milliards de ressources annuelles), allègement des taxes sur les plus-values (-20,5 milliards sur deux ans…) continuent de se multiplier. À titre de comparaison, 3 milliards d’euros, c’est ce que coûteraient en un an 100000 nouveaux certifiés.
La rhétorique employée dans le « débat » sur le Grand emprunt national à venir est révélatrice de ces choix, dans l’opposition ô combien factice et contestable entre dépenses « de fonctionnement » et « d’investissement »… Dans ce discours, les services publics et ceux qui les font vivre sont présentés comme un fardeau pour le pays. C’est du reste bien à ce débat que renvoie le maintien du projet de réforme (à terme donc, de privatisation) de la Poste, en dépit du succès de la mobilisation référendaire d’octobre dernier. D’ores et déjà, le comité national, auquel le SNES et les syndicats de la FSU participent, a engagé d’autres actions.

Au final, c’est le monde du travail (actifs et retraités) qui paie le prix de cette politique de dégradation du tissu social et de casse des solidarités : pression sur les salaires et pensions, ravages de la gestion managériale des « ressources humaines », souffrance au travail, régressions introduites par la nouvelle Loi de financement de la Sécurité sociale…

À l’approche d’échéances électorales importantes, le gouvernement entend « occuper l’espace » par son « débat sur l’identité nationale ». Nul ne s’y méprendra, on n’y verra rien d’autre qu’une peu reluisante initiative électoraliste aux relents xénophobes, que confirme par ailleurs le durcissement (encore !) de la politique anti-migratoire et l’expulsion récente de « sans-papiers » vers l’Afghanistan en guerre.

En lieu et place d’un pseudo débat sur une « identité nationale » fantasmée, si débat il doit y avoir aujourd’hui il doit d’abord porter sur le « vivre ensemble » : comment créer les conditions pour que tous ceux qui vivent en France se sentent appartenir à une même société et relever d’une même citoyenneté ? Comment concrétiser des valeurs qui sont au cœur de notre République (liberté, égalité, fraternité mais aussi laïcité, solidarité, démocratie, justice, tolérance) ? Comment faire que chacun les perçoive comme ayant une effectivité indiscutable pour lui et toute la société ? Comment faire reculer les inégalités et les discriminations ? Comment faire que les jeunes qui vivent dans ce pays par naissance, par choix ou contrainte de leurs histoires familiales ne s’y sentent pas précaires ?

ÉDUCATION

Dans le secteur de l’éducation, les provocations ne manquent pas non plus :

  • les 6500 suppressions de postes programmées au budget 2010 portent à 45000 le total d’emplois détruits dans le seul second degré depuis 2003 ;
  • en dépit des promesses du président de la République (rappelons-nous sa « lettre aux enseignants » !), les mesures de revalorisation proposées par le ministère relèvent de la provocation et s’inscrivent dans les dogmes du management et de l’individualisation ;
  • aucune mesure d’amélioration des conditions de travail n’est envisagée, à l’heure où de toute part les dégradations se font ressentir : effectifs par classe, flexibilité des TZR, précarité…
  • malgré le large rejet qu’elle a suscité, la réforme de la formation des maîtres se poursuit sans retenir pour l’heure la demande du SNES de procéder à des prérecrutements et persiste à s’orienter vers une réorganisation contestable de l’année de formation et vers l’augmentation de la charge horaire hebdomadaire des stagiaires ;
  • dans la mise en œuvre de la réforme du lycée, en attendant la publication d’un projet précis (fin novembre), le ministère a esquissé des pistes inacceptables, qui peuvent se résumer à une réduction des horaires disciplinaires et à un nouvel élargissement de l’autonomie des établissements, ainsi qu’à un nouvel alourdissement de la charge de travail des personnels ; dans le même temps, aucune réflexion n’est même ébauchée pour prendre la mesure des difficultés du collège ;
  • les missions d’orientation sont mises en péril -un rassemblement national des DCIO et CO-Psy, le 13 novembre dernier a interpellé le ministre lors d’une « opération vérité ». D’ores et déjà, les S1 sont appelés à faire adopter par leurs CA une motion « orientation » disponible sur le site du SNES ;
  • les vies scolaires et leurs missions sont elles aussi mises en cause par l’insuffisance des recrutements de CPE et par la précarité imposée aux personnels de surveillance.

ACTION

Les actions qui ont fortement mobilisé l’année dernière ont imposé des reculs au gouvernement sur l’ampleur des réformes prévues, mais pour créer les conditions d’un service public d’éducation permettant la réussite de tous les jeunes et à cet effet animé par des personnels respectés et revalorisés, le rapport de force devra se hisser à des niveaux beaucoup plus élevés encore, notamment par une grève interprofessionnelle. Il est aujourd’hui de notre responsabilité de construire ce rapport de force, en œuvrant à une mobilisation à la hauteur des enjeux. C’est dans cette perspective que la FSU s’est inscrite par son appel à la grève du 24 novembre 2009, et a été rejointe par la CGT et SUD.

Le Conseil syndical académique appelle les enseignants, CO-Psy, CPE et personnels d’éducation :

  • à adhérer pour renforcer l’outil syndical au service de la profession et du service public d’éducation ;
  • à participer au vote fédéral interne et à s’investir dans la préparation du prochain Congrès FSU de Lille lors des Congrès départementaux de la Garde et de Nice –pour imposer d’autres choix économiques et sociaux, il faudra une FSU forte ;
  • à se saisir des initiatives consécutives à « l’opération vérité » conduite depuis la rentrée : tracts, communiqués de presse, interpellation des autorités, etc. ;
  • à se mobiliser massivement en participant à la grève et aux manifestations du 24 novembre, en convergence avec les salariés de La Poste ;
  • à se réunir dans leurs établissements ou dans les sections locales FSU pour mobiliser en vue du 24 novembre et pour discuter des suites de l’action.