Depuis plusieurs années, nos collègues voient leurs conditions de travail se dégrader suite aux réformes successives : baisse du nombre d’heures consacrées aux apprentissages, disparition des temps de travail en petit groupe, augmentation des effectifs par classe... Malgré tout, dans ce contexte, nos collègues se mobilisent peu pour défendre l’existant. Nous avons pu le constater le 22 mai. De même, la mobilisation des collègues, des familles, des lycéens contre la sélection à l’entrée de l’Université, bien que significative, a buté sur le sentiment d’un fonctionnement démagogique de l’orientation, habilement symbolisé par le tirage au sort. Nous ne sommes pas encore parvenus à mobiliser la profession pour dénoncer la réforme du lycée et défendre l’existence des séries, que la réforme Chatel n’est pas parvenue à rééquilibrer. Alors que s’annonce pour 2019 une réforme des retraites particulièrement rude pour les fonctionnaires, le risque existe que nous rencontrions les mêmes difficultés pour mobiliser des collègues convaincus que l’état employeur ne dispose plus des ressources financières nécessaires pour leur assurer, le moment venu, une retraite par répartition décente. Il est donc nécessaire pour le SNES-FSU d’aborder l’année scolaire 2018/2019 sur une orientation syndicale qui reste combative et qui soit plus offensive pour une amélioration des carrières et des rémunérations, pour une formation initiale et continue de qualité, pour une démocratisation du fonctionnement de notre Institution, pour une amélioration des conditions de travail dans la classe qui passe par une baisse généralisée des effectifs par classe et par l’octroi du temps nécessaire aux apprentissages.
Tous les textes, décrets et arrêtés, sur les réformes du Bac et du lycée, général et technologique, sont désormais prêts à la publication aux dires du Ministère. L’organisation des enseignements risque d’être profondément bouleversée si cette réforme finit par être mise en œuvre. Le poids inédit des épreuves locales, la disparition des séries générales et la fragilisation des séries technologiques, adéquation forcée de l’orientation des élèves aux capacités du supérieur (« Parcoursup »), refonte d’ampleur des programmes tout participerait d’une profonde dégradation du métier et des conditions d’enseignement. Avec la diminution des horaires en seconde, la fin des dédoublements et des heures de travail en groupe qui se profile, la transformation d’enseignements communs en spécialités ou options facultatives, le travail sur l’orientation dévolu aux enseignants, cette réforme conduira à une transformation profonde du métier enseignant. Toutes les disciplines subiront d’une manière ou d’une autre une dénaturation ou une perte horaire assortie d’une hausse des effectifs de classe. C’est moins de lycée pour plus d’économies, sur le dos des élèves comme des personnels. Nous refusons le principe d’une réforme qui produira à coup sûr un accroissement considérable des inégalités géographiques et sociales. Nous continuons à exiger le retrait des textes sur le bac et le lycée et demandons l’ouverture de discussions pour une autre réforme. La réforme du collège, suite aux actions des collègues, a été assouplie dans les textes. Cependant rien n’est résolu car l’accentuation de l’autonomie dans le cadre des établissements entraîne trop souvent une accentuation de pressions et des injonctions concernant l’évaluation par compétences, la mise en place de épreuves du DNB notamment l’épreuve orale, les classes sans notes, les pratiques pédagogiques innovantes. La dégradation des conditions de travail est sensible car au delà des difficultés pour arbitrer les choix à faire sur la marge et la concurrence nouvelle entre disciplines, les classes surchargées sont une réalité.
En ce qui concerne Parcoursup, le SNES-FSU n’a cessé d’alerter depuis l’année dernière sur les dangers de cette nouvelle plateforme : augmentation du nombre des candidats sans proposition, allongement des délais d’attente pour la moitié des candidats et ¬l’acceptation de propositions par défaut par crainte du risque de se retrouver sans solution. Parcoursup fait en réalité entrer les futurs bacheliers dans la logique d’un marché éducatif fondé sur la concurrence entre les individus et les formations, conçues comme des entreprises. Sous couvert de mettre fin au tirage au sort, ce système fait la promotion du recrutement sur profil comme si la poursuite d’études s’apparentait à la recherche d’un emploi. Il institutionnalise une sélection à géométrie variable qui repose sur l’arbitraire de choix locaux voire individuels, incluant toutes les formes de discriminations possibles, notamment le lycée d’origine. Dans les universités, chaque commission a fabriqué son propre logiciel pour gérer le flux de candidatures, sur la base de principes aléatoires et d’outils communs fournis par le ministère. C’est la raison pour laquelle, le gouvernement a fait le choix politique du secret de la procédure. Toute cette procédure de tri est placée sous le sceau du secret des délibérations de jury comme si l’affectation relevait d’un concours ou d’un examen d’entrée. Le SNES-FSU exige que les règles, les méthodes et le barème soient communiqués aux candidats. Des élèves sans propositions d’affectation, il y en a. Que faire ? Attendre la phase complémentaire entre le 22 mai et le 26 juin, c’est-à-dire au moment des épreuves du bac... des conditions psychologiques idéales pour les élèves ! Au lieu de répondre aux questions des jeunes, des familles, des personnels, d’entendre leurs peurs, leur colère, le gouvernement mène une campagne de communication de grande ampleur qui vise à prouver que tout va bien et envoie la police armée réprimer les étudiants qui osent exprimer leur désaccord.
Le SNES-FSU a dénoncé les dangers que représente pour les élèves, les familles et les personnels le projet de Loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » et en particulier son article 10 qui prévoit de confier l’information sur les métiers et les formations aux régions et de leur transférer les DRONISEP et a également dénoncé le projet de fermeture des CIO.
Le 5 juin dernier, à l’appel de l’intersyndicale (SNES-FSU, UNSA, SGEN-CFDT, FO, Solidaire, CGT et SNPTES) près du tiers des PsyEN et personnels de l’ONISEP et des DRONISEP se sont réunis en assemblée générale et ont manifesté leur opposition à cette attaque contre le service public d’orientation de l’éducation nationale. Les DRONISEP remplissent des missions indispensables à l’institution scolaire, et les centres d’information et d’orientation constituent un maillage essentiel de proximité pour nombre de familles en lien avec les EPLE.
En ce qui concerne le problème récurrent de la crise de recrutement, La Cour des Comptes recommande de placer les épreuves d’admissibilité en fin de licence et asseoir davantage les épreuves d’admission, placées au cours de l’année de M1, sur des enseignements de professionnalisation. La Cour lie cette recommandation sur les concours au souhait de développer la bivalence et la polyvalence dans les parcours de licence. C’est un retour en arrière de 8 ans et qui ne règlera en rien la perte d’attractivité pour nos métiers. La FSU a rappelé au ministère le 25 avril dernier lors de son audience auprès de la DGRH et de la conseillère sociale du ministre que l’existence de listes complémentaires permet d’éviter que des postes budgétés et mis aux concours soient non pourvus, et des recrutements empêchés. Comme les années passées, et au vu des résultats connus à ce jour pour la session 2018, plus de 1776 postes non pourvus pourraient, si rien n’est fait, être intégralement perdus, alors que des listes complémentaires limiteraient les pertes. Le SNES-FSU estime qu’un vrai système de pré-recrutement doit être mis en place, les pré-recrutés devraient percevoir un salaire incluant la retenue pour pension civile afin de suivre les formations préparant aux concours et aux métiers de l’enseignement mais aussi des formations renforcées en ESPE pour préparer les concours.
Dans un rapport publié le 13 mai dernier, l’inspection générale de l’Éducation nationale fait un bilan de la mise en œuvre des régions académiques créées en 2015, conséquence de la réforme territoriale mis en place la même année et propose d’aller plus loin. Il préconise d’arriver à l’horizon 2021 à 13 académies métropolitaines dont la carte se superposerait à celle des nouvelles régions. En ce qui concerne les académies d’Aix Marseille et de Nice, la fusion est préconisée dès 2020. Pour les personnels, le SNES-FSU redoute un certain nombre de dégradations dans la gestion des personnels : pour les personnels stagiaires des conditions de travail dégradées (affectation et formation sur toute la région PACA), pour les personnels remplaçants un élargissement de leurs zones, le mouvement intra-académique se trouvera dégradé, élargi aux 2 académies existantes ; ce serait pour tous, des services rectoraux et académiques plus éloignés des personnels ; le SNES-FSU Académie de Nice travaillera à la mise en œuvre d’une pétition intersyndicale à l’initiative de la FSU au niveau régional.
Enfin, vendredi 25 mai, le gouvernement a présenté aux organisations syndicales représentatives ni plus ni moins qu’un projet de suppression du paritarisme : suppression de toute compétence des CAP (commission administratives paritaires) sur les actes de mobilité et mutation ainsi que pour les questions de disponibilité, détachement. Les CAP ne seraient plus consultées sur les promotions : elles recevraient juste « la liste des agents retenus par l’autorité de gestion ». Le projet gouvernemental représenterait un bouleversement complet du fonctionnement actuel de la Fonction publique ouvrant la porte à l’arbitraire et à l’opacité en matière de gestion des personnels. En attaquant le paritarisme, le gouvernement s’attaque d’abord et avant tout aux droits des personnels, mais aussi à une certaine conception de la Fonction Publique que nous défendons.
L’année 2018 / 2019 sera déterminante pour notre syndicalisme, du fait des élections professionnelles de décembre 2018, qui sont vitales pour le SNES et pour la FSU, du fait des réformes ouvertes par le gouvernement (retraites, fonction publique, système éducatif).
Alors qu’ils sont totalement engagés avec la FSU dans la lutte contre l’augmentation de la CSG et le blocage des pensions, les retraités SNES s’impliqueront totalement dans la bataille contre le projet Macron sur les retraites car il menace toute notion de solidarité entre générations et se traduira par une nouvelle baisse des pensions. Ils amplifieront par ailleurs la bataille pour la création d’une véritable prise en charge « dépendance » par la sécurité sociale accessible à tous et libéré de la marchandisation ultra libérale, ainsi que pour une sécu au remboursement à 100%.
Nous ne gagnerons que si nous sommes mobilisés ensemble, dans chaque établissement et CIO, pour renforcer le SNES-FSU par l’adhésion et le vote, et pour tisser avec nos collègues les liens qui nous permettrons d’emmener le plus grand nombre dans l’action.