Texte lu au rassemblement, mercredi 21 octobre.
En hommage à Samuel Paty
Vendredi 16 octobre, est un jour que désormais, nul d’entre nous n’oubliera jamais. Un enseignant a été tué, tué parce qu’il avait fait son métier, parce qu’il avait rempli sa mission. Nous ne connaitrons plus une seule veille de vacances de la Toussaint sans avoir à l’esprit le souvenir de Samuel Paty. Il vivra dans ce souvenir.
Le SNES-FSU, au nom de tous ceux réunis ce soir, présente ses plus sincères condoléances à la famille de Samuel Paty, mais aussi à ses collègues et à ses élèves. Nous appelons chacune et chacun à s’abstenir de toute instrumentalisation et à respecter le deuil de toute une communauté éducative meurtrie.
Aujourd’hui, dans ce lieu symbolique où, déjà, Nice a pleuré ses victimes au lendemain du 14 juillet, nous avons tenu à rendre hommage à notre collègue.
Samuel Paty a été tué parce qu’il portait en lui les valeurs de l’Education Nationale, parce qu’il transmettait les valeurs de la République. C’est au nom des libertés qu’il a été tué, ces libertés qui font que la parole est libérée dans notre pays où chacun est libre de croire ou de ne pas croire.
Le cœur de l’école de la République saigne ce soir.
Nous devons plus que jamais rassembler nos forces pour apaiser les douleurs, mais aussi pour combattre toutes les formes de fanatisme. Nous, personnels de l’éducation, ne sommes les ennemis d’aucun peuple, nous avons fait le choix de porter l’idéal d’une école républicaine et laïque.
Notre seul ennemi c’est le fanatisme, c’est l’obscurantisme. Plus que jamais, tous ensemble, enseignants, parents, élèves, citoyens, nous devons nous employer à combattre cet ennemi. L’école est le lieu de la construction de la citoyenneté, de l’apprentissage de la liberté de conscience, de la formation d’esprits éclairés.
Nous, enseignants, nous continuerons à former les citoyens de demain avec nos « armes », c’est-à-dire avec nos livres, nos mots, nos dessins et nos caricatures ! Nous ne renoncerons jamais.
La devise de la République, héritage de la Révolution française, est liberté, égalité, fraternité, à laquelle nos aînés ont cru bon d’ajouter la laïcité et ce n’est pas un hasard. Plus que jamais, apprenons à nos élèves à vivre avec ces quatre piliers.
Notre rassemblement ce soir n’a rien à voir avec un quelconque instinct de revanche ou de haine. Malgré ce drame, malgré le sang versé, nous voulons continuer à croire oui à croire aux principes d’espérance et de tolérance qui nous guident quotidiennement dans l’exercice de notre métier.
Cette épreuve nous a tous meurtris, elle doit nous rendre plus forts. La mort de Samuel Paty restera dans notre mémoire mais aussi dans la mémoire de nos élèves, de notre jeunesse, elle doit se transformer en force grâce au flambeau que nous saurons leur tendre.
Pour toutes les victimes innocentes du terrorisme, pour Samuel Paty, ne cédons jamais, portons haut et fièrement le flambeau qu’il nous a transmis.
Fabienne Langoureau, secrétaire générale du SNES-FSU de Nice
Ecoutons, pour finir, Andrée Chedid chanter l’Espérance
L’Espérance
J’ai ancré l’espérance
Aux racines de la vie
Face aux ténèbres
J’ai dressé des clartés
Planté des flambeaux
A la lisière des nuits
Des clartés qui persistent
Des flambeaux qui se glissent
Entre ombres et barbaries
Des clartés qui renaissent
Des flambeaux qui se dressent
Sans jamais dépérir
J’enracine l’espérance
Dans le terreau du cœur
J’adopte toute l’espérance
En son esprit frondeur.
Andrée Chedid, poème publié dans l’anthologie Une salve d’avenir. L’espoir, anthologie poétique, parue chez Gallimard en Mars 2004