Vendredi 20 novembre :
audience avec Recteur sur la situation dans les collèges
Vous avez dit prévention ?
Le SNES-FSU a débuté la rencontre en rappelant que, si le 9 novembre, le ministre de l’Éducation avait donné la possibilité aux lycées de fonctionner en demi- groupes, aucune mesure n’avait été prise pour les collèges ! Tous les dossiers présentés depuis, au Rectorat, par les équipes d’enseignants pour limiter le brassage et fonctionner à effectifs réduits, ont été refusés.
Pourtant, la situation sanitaire est grave, la deuxième vague est là et les données scientifiques parlent d’elles-mêmes : les jeunes de plus de 10 ans, donc les collégiens, sont également touchés par le virus comme le montrent les derniers chiffres de Santé Publique France. D’ailleurs, dans Var matin de vendredi, sont annoncées les fermetures d’une classe au collège Pierre-Puget, d’une classe au collège La Ferrage à Cuers et d’une classe au lycée de Lorgues ! Cette aggravation n’est pas étonnante car plus les élèves sont jeunes, plus il est difficile pour eux de respecter les gestes barrière. Les vies scolaires sont particulièrement mobilisées : les AED sont, du fait, de leurs missions particulières très proches des élèves et donc particulièrement exposés au virus. Tous les personnels sont épuisés. De plus, les collèges de l’académie présentent la particularité d’être de gros collèges à effectifs élevés.
Pour toutes ces raisons, la délégation SNES-FSU a demandé au Recteur de répondre rapidement à la colère et aux inquiétudes des personnels et de permettre de mettre en place, au collège comme au lycée, un véritable protocole sanitaire renforcé protégeant les élèves, les personnels et les familles, afin de garder les établissements ouverts. D’ailleurs, nous nous sommes permis de rappeler au Recteur que le secrétaire national du SNPDEN (principal syndicat des chefs d’établissement) avait posté ce tweet, le 13 novembre : « Le Ministre de l’éducation nationale fait savoir au SNPDEN que des consignes ont été données aux recteurs pour des aménagements possibles dans les collèges en tension forte sur le plan sanitaire. Le refus de principe et le NON a priori que nous dénoncions semblent dépassés : nous y serons attentifs ! »
Le Snes-FSU a donc rappelé ses revendications :
• le passage à un fonctionnement en demi-groupe, en collège comme en lycée,
• recrutements de personnels, en particulier d’AED et d’agents territoriaux (pour assurer un nettoyage et une désinfection des salles),
• la réorganisation de la demi-pension pour limiter le brassage des élèves
• de nouvelles modalités d’aération des salles, alors même que l’hiver rend l’ouverture des fenêtres plus problématique qu’à la rentrée
• l’aménagement des programmes et un nouveau calendrier du brevet et du bac
En réponse, le Recteur s’est voulu rassurant : « Nous avons déjà connu des fermetures de classes en septembre et en octobre ». Rien d’alarmant donc ? Il a ensuite affirmé, à plusieurs reprises, ne pas fermer la porte à une diminution des effectifs en collège, mais sous conditions. Des conditions exceptionnelles comme à Aix-Marseille, académie dans laquelle un collège en travaux a obtenu la possibilité de fonctionner en effectifs allégés, ou dans un collège où le nombre de COVID+ deviendrait problématique. Les situations seront étudiées au cas par cas, en fonction des conditions d’effectifs et de densité au m2, les niveaux de 4 ème et 3 ème seraient privilégiés.
Or, actuellement, la circulation du virus serait en « régression » dans notre académie. Selon les chiffres du DASEN des Alpes-Maritimes, 24 nouveaux cas de COVID + ont été comptabilisés dans les collèges et lycées lundi, 13 mardi, 14 mercredi, 10 jeudi et seulement 4 ce vendredi. Pour le Recteur proposer un enseignement hybride, cela serait « pénaliser les élèves », en proposant « un mode de fonctionnement dégradé », en particulier pour les 6es et 5es, moins autonomes.
Quand nous avons fait remarquer qu’actuellement le quotidien des collèges était extrêmement compliqué avec des conditions d’enseignement déjà fortement dégradées, le Recteur a reconnu « l’épuisement des personnels » faisant remarquer que tout le système était « sous tension ».
Les équipes qui ont déjà travaillé sur des plans de continuité pédagogique ? « Ce n’est pas du temps perdu. C’est l’occasion de se poser des questions sur le fonctionnement des établissements. C’est un moyen de se préparer au cas où la situation sanitaire déraperait… ».
Quand nous posons la question de la pertinence du dispositif « une salle / une classe », la réponse est, là, sans appel : il s’agit bien d’une simple « recommandation » dans le protocole. Son adoption ou son abandon doivent faire l’objet d’une discussion collective. Si des collèges veulent l’abandonner, ils le peuvent, tout en prenant soin de bien expliquer aux familles le pourquoi de cet abandon.
Au terme de cette audience, nous nous sommes retrouvés face à un refus de mettre en place la même politique de prévention que celle appliquée en lycée pour l’ensemble des collèges. « Jusqu’ici tout va bien… » semble être la seule ligne directrice de notre Ministère et du Rectorat. C’est pourquoi le SNES-FSU de Nice appelle les collègues de collèges à :
1/ Demander un bilan hebdomadaire des contaminations à votre chef d’établissement
Nombre de cas positifs chez les élèves et le personnel. Tout en respectant l’anonymat lié au secret médical, il est plus que jamais indispensable de pouvoir estimer si la situation sanitaire se dégrade ou non dans votre collège.
2/ Refuser collectivement le « une salle, une classe » si vous estimez que ce dispositif n’a pas amélioré la situation sanitaire mais a porté atteinte aux conditions de travail des personnels et à la sécurité des élèves. Réclamez un bilan, faites connaître les mises en danger qu’implique ce fonctionnement (élèves sans surveillance, salles dégradées...). En cas d’opposition du chef d’établissement, contactez la section départementale.
3/ Renseigner le registre Santé et Sécurité au Travail et demander l’intervention du CHSCT : Démontrez la dégradation sanitaire dans votre établissement si cela est le cas, insistez sur les spécificités de votre collège rendant le protocole inapplicable (couloirs étroits, salles de classe trop petites, distanciation impossible à respecter pendant le service de restauration scolaire, manque d’AED, de personnel d’entretien, salles impossibles à aérer...). Vous pouvez aussi y recenser les risques psycho-sociaux auxquels sont exposées les équipes : stress, épuisement physique et moral…
4/ Communiquer vis-à-vis des parents et des médias : N’hésitez pas à rencontrer les fédérations de parents d’élèves pour expliquer la situation et pour qu’ils vous relaient auprès des DASEN et des élu.e.s locaux. Participez à l’opération #balancetonprotocole : le SNES-FSU national publie des photos d’établissement où le protocole ne peut pas être appliqué comme il se doit : aération impossible (fenêtres cadenassées ou entrebâillées), foule à l’entrée du collège, plan large de la file de la cantine, d’un couloir. Attention : les élèves ne doivent pas être identifiables : photos de plan large, de dos ou floutées. Si vous n’avez pas le temps de tout envoyer, ou de flouter les photos, vous pouvez les envoyer à s3nic@snes.edu
Si la situation sanitaire devait se dégrader dans votre collège, adressez-vous au plus vite au DASEN et au Recteur pour demander des dédoublements - ou renouvelez votre demande pour ceux qui seraient restés sans réponse ou qui auraient essuyé un premier refus. Pensez à mettre les sections départementales du SNES-FSU (S2 06 et S2 83).
Bien syndicalement, la délégation SNES-FSU :
Didier Giaufer, Dominique Queyroulet,
Fabienne Langoureau, Vassilia Margaria et Serge Muller