Une politique contre les services publics et leurs personnels.

La politique économique du gouvernement n’a pas fondamentalement changé pendant l’été, elle continue à favoriser les groupes sociaux privilégiés aux dépens des salariés et des retraités. Ce n’est pas la taxation de 1,1% des revenus du capital (avec « bouclier fiscal » s’entend !) pour financer le Revenu Social d’Activité qui pourra faire apparaitre comme sociale la politique de ce gouvernement. Dans le même temps, les annonces budgétaires pour 2009 pendant l’été confirment la volonté de ce gouvernement de détruire le service public « à la française » : suppressions de milliers de postes (13 500 pour l’éducation), amplification de la privatisation à la Poste…

Le contentieux salarial s’amplifie encore au regard de l’inflation : 0,8% d’augmentation pour 2008 de nos salaires et 1,36% pour les pensions alors que l’inflation est prévue à 3,6% pour l’année en cours ! Les mesures obtenues suite aux luttes de l’an dernier : augmentation des contingents de la hors classe, prime de rentrée de 1500 euros pour les collègues néo-titulaires ne sauraient être une réponse suffisante pour compenser la perte de pouvoir d’achat des actifs et des retraités.
Si on peut se féliciter de la volonté d’augmenter le niveau de notre qualification avec un recrutement à master 2, cela ne peut se faire indépendamment d’une réflexion sur la refonte de la grille indiciaire. Il est par ailleurs scandaleux que cette élévation du niveau de qualification se fasse au détriment de la formation initiale.

Parallèlement, le gouvernement a gravi un échelon supplémentaire dans l’atteinte aux libertés individuelles par le flicage des citoyens qui entendent agir sur l’évolution de la société par leur engagement associatif, politique ou syndical. Après l’élargissement du fichier ADN des délinquants sexuels aux citoyens qui manifestent, le nouveau fichier Edvige entend en placer quelques centaines de milliers supplémentaires sous la surveillance des services de renseignement civils et militaires.

Des « marques d’amour » dont on se passe bien !

À la fin de l’année scolaire dernière, notre ministre se répandait dans les medias au sujet de son amour des enseignants. Drôle d’amoureux que ce ministre qui depuis juillet, et encore ces derniers jours, multiplie les provocations, particulièrement à l’endroit de l’organisation syndicale majoritaire dans le second degré !

La dégradation de nos conditions de travail avec la suppression de plus de 8000 postes à cette rentrée et la transformation de 3500 emplois en HS ne gênent aucunement notre employeur de ministre. Par contre il est très franchement en difficulté pour « fourguer » ses HS puisqu’il a même dû communiquer en pleine période estivale pour annoncer une prime mensuel de 50 euros pour celles et ceux qui feraient au moins 3 heures sup ! c’était sans compter sur la campagne de refus collectif menée par la majorité de la profession à l’initiative du Snes, qui a d’ailleurs contraint le recteur à transformer pendant l’été des heures sup en Bloc de Moyens Provisoires -donc en heures postes. C’était aussi oublier que nous effectuons déjà près de 40 heures de travail hebdomadaire en moyenne (enquête du MEN en 2002) et que nous ne voulons pas de classes supplémentaires. Autre aspect négligé par notre ministre, la solidarité qui existe dans nos professions : hors de question, en acceptant des HS, d’envoyer nos collègues titulaires compléter leurs services dans d’autres établissements et les non titulaires au chômage.

Nos collègues n’ont du reste pas besoin de cela, notre employeur et son représentant dans l’académie se sont chargés de dégrader aussi les conditions de travail par le biais des affectations. La mobilité choisie devient une notion très abstraite pour la plupart des collègues car plus personne ou presque n’arrive à obtenir de mutations (blocage du mouvement par la suppression de postes et les mesures de carte scolaire).
Pour des collègues sans cesse plus nombreux, exercer dans un seul établissement n’est plus possible. Pour les TZR la dégradation à cette rentrée est très nette puisque parmi les affectés la moitié le sont sur deux établissements ! Le recteur s’est même permis de maintenir malgré nos interventions des affectations sur trois établissements, portant de fait atteinte à la conception même de nos métiers.
Nos collègues non titulaires sont considérés comme des moins que rien par le recteur, ils sont dans un premier temps mis sur des vacations et en fonction des pressions diverses et du sacrosaint budget transformés en contractuels. Même les agences d’intérim ont plus de respect pour leurs employés ! Cela est indigne du service public.

Dans nos établissements, en plus des classes les plus chargées de France métropolitaine, les vies scolaires connaissent des difficultés inégalées : manque criant de postes de CPE, diminution du nombre d’assistant d’éducation décidé unilatéralement par le recteur via des contraintes budgétaires et, cerise sur le gâteau, les collègues sur contrats aidés doivent partir et être remplacés par d’autres ! La revendication du SNES du retour aux emplois pérennes d’étudiants surveillants n’a jamais autant été d’actualité.

Réforme du système éducatif : comment économiser de l’argent ou « la cerise sans le gâteau » !

L’accompagnement éducatif n’est bien sûr pas le moindre des paradoxes de cette rentrée, marquée sur ce sujet en particulier par une propagande ministérielle sans précédent. Qui pourrait être contre l’aide aux élèves ? Pourtant le ministre se moque du monde : il supprime des milliers d’emplois, donne une enveloppe indécente d’heures supplémentaires et communique à tout-va sur la mise en œuvre d’un accompagnement éducatif, lequel peine d’ailleurs à se mettre en place sur le terrain ! Les idées que nous développons comme la nécessité d’un temps plus important en petits groupes ou en demi-classe pour améliorer les apprentissages, condition indispensable à la réussite de tous les élèves, sont totalement ignorées : mieux vaut sans doute créer les conditions de l’échec dans la classe en amont et sous-financer « hors la classe » en aval des pseudo-dispositifs de remédiation !

Les premières annonces sur la réforme du lycée sont des plus inquiétantes : semestrialisation des enseignements, modules laissés au choix de l’élève, autonomie plus grande des établissements en matière pédagogique … tout tend à valoriser l’individualisation qui on le sait, profite aux élèves les plus favorisés. S’il est urgent de relancer la démocratisation du système éducatif et si le lycée doit, avec ses trois voies jouer pleinement son rôle dans cette démocratisation, l’individualisation des parcours ne saurait résoudre la hiérarchisation des séries. Le risque d’éclatement des formations et de rabougrissement de l’offre de formation, l’inadaptation des parcours suivis aux études universitaires (pourtant présentées comme l’objectif principal du lycée, au détriment de la spécificité du lycée, des études plus courtes pourtant porteuses de qualification) est intolérable. Le SNES doit continuer de mettre en avant ses propositions et permettre à la profession de s’exprimer sur un sujet qui aura des conséquences sur nos services et notre métier. Il va sans dire que le calendrier fixé par le ministre (mise en application de la réforme en septembre 2009) est inacceptable et qu’il doit être revu.

Agir pour nos métiers et renforcer le SNES

Dans ce contexte marqué par des provocations et une politique éducative au rabais, il nous faut autant que possible dans l’unité poursuivre les actions menées l’an dernier. La poursuite d’une grande campagne en direction de l’opinion pour montrer les dangers que court le service public d’éducation et populariser nos propositions est indispensable. Le conseil syndical appelle l’ensemble des sections d’établissement à se saisir des « jeudis de l’éducation », qui débutent le jeudi 11 septembre, pour mener à bien cette campagne au plus près des établissements et des parents par le biais de l’heure mensuelle d’information syndicale, de conférence de presse, de distribution de tracts relatant aussi les difficultés concrètes de l’établissement (heures non assurés, vacations, effectifs des classes, offre de formation, état de la vie scolaire…).
D’ores et déjà le conseil syndical appelle les collègues à se rassembler à 18h le jeudi 11 septembre devant la mairie de Toulon (audience auprès du ministre Falco) et devant le lycée Masséna à Nice. En effet la lutte syndicale se construit en premier lieu dans les établissements. Le SNES soutiendra toutes les initiatives des sections d’établissement.

La profession a dans ce contexte aussi besoin d’un syndicat renforcé. Durant ce premier trimestre, le syndicat majoritaire et la profession vont être confrontés à des enjeux de taille. Comme chaque année, le nombre de syndiqués est observé par nos interlocuteurs et la progression de l’an dernier doit être continuée et amplifiée ; les élections pour les Conseil d’administration doivent être l’occasion de présenter des listes FSU partout afin de renforcer l’audience des syndicats de la fédération à tous les niveaux de discussions et de décisions. L’autre rendez vous sera celui des élections professionnelles le mardi 2 décembre, avec un double enjeu tout particulier pour le secteur de l’éducation puisque la profession a placé depuis plusieurs scrutins le SNES dans la position de majorité absolue et pour la première fois tous les personnels, titulaires ou non, seront appelés à se donner des représentants. C’est un enjeu pour tout le monde : ministre et recteur, pour les personnels et pour l’organisation syndicale.

Une action unitaire se dessine sur le « travail décent » pour le 7 octobre.
Une manifestation nationale rassemblant la quasi-totalité des organisations syndicales d’enseignants, de lycéens et d’étudiants et avec le soutien de la fcpe pour l’éducation sera organisée le 19 octobre.

On ne peut que s’en féliciter, mais la défense de nos métiers passe aussi par les actions que nous autres salariés serons capables de mener.

Dans cette perspective le conseil syndical propose de s’inscrire pleinement dans ce dispositif et proposera aux instances nationales la mise en œuvre d’une action de grève la plus unitaire possible sur les questions d’éducation, de pouvoir d’achat et de conditions de travail pour aider à la réussite de la manifestation nationale du 19 octobre.

Pour : 30 Contre : 4 Abstention :1 Refus de vote : 0