CONFÉRENCE DE PRESSE DU SNES-FSU

ACADÉMIE DE NICE

Vendredi 28 août 2015

RÉFORME DU COLLÈGE

1. REFORMER LE COLLÈGE UNE NÉCESSITÉ

25% des élèves qui entrent en classe de Sixième sont en difficulté scolaire dont 15% en difficulté lourde, et 20% des élèves qui quittent le collège le sont aussi. Cette situation n’est pas acceptable, le collège doit faire l’objet d’un bilan partagé et d’une réforme portée par la communauté éducative.

Le collège souffre actuellement de différents maux :

  • un taux d’encadrement faible (enseignants, équipes éducatives), des équipes pluriprofessionnelles incomplètes (personnels médicaux-sociaux, conseillers d’orientations-psychologues), qui sont autant de facteurs ne permettant pas de répondre aux besoins des élèves dans les classes et dans les établissements ;
  • des programmes scolaires manquant de cohérence entre les différentes disciplines, mais aussi pour assurer les liaisons CM2-Sixième et Troisième-Seconde ;
  • des freins pédagogiques divers : empilement de prescriptions (programmes, socle, éducations transversales, B2I, ASSR), accumulation d’exigences contradictoires (expérimenter en sciences, pratiquer l’oral en langues vivantes, mais sans moyen pour travailler en petits groupes etc.),
  • des freins structurels : les établissements souffrent pour beaucoup d’entre eux d’un manque de mixité sociale et scolaire qui est dommageable sur deux plans. D’une part, l’entre-soi social n’aide pas à construire la société de demain mais au contraire nourrit l’exclusion. D’autre part, la mixité scolaire est une nécessité pour favoriser la réussite de toutes et de tous.

2. « COLLÈGE 2016 » :
UNE RÉFORME CONTESTÉE QUI NE RÉPOND PAS AUX ENJEUX

Avant toute évaluation de la réforme du lycée et en l’absence d’analyse, la Ministre Mme Vallaud-Belkacem prétend imposer une réforme du collège largement inspirée d’un modèle dont les effets pervers ont été constatés.

Trois mesures principales caractérisent le projet : le renforcement de l’autonomie des établissements, l’accompagnement personnalisé et l’interdisciplinarité.

Ces mesures ne répondent pas aux difficultés du collège, voire les aggraveront :

  • l’autonomie prend pour modèle celle instaurée au lycée, source de concurrence entre les établissements, mais aussi entre les enseignants dans les établissements, pour obtenir des groupes à effectifs réduits par exemple. En lycée, cette disposition a gravement endommagé les collectifs de travail, au détriment de la cohérence des équipes nécessaire à la réussite des élèves. La concurrence entre les disciplines induite par la répartition des horaires de sciences et de technologie en Sixième, celle des groupes à effectifs restreints, l’organisation des enseignements pratiques disciplinaires (EPI), va entraîner des difficultés au sein des collèges ;
  • l’accompagnement personnalisé est calqué sur le modèle du lycée, dont le bilan officiel n’a pas été mené, mais qui est unanimement décrié comme un effet d’annonce pédagogiquement peu efficace. L’accompagnement doit pouvoir se mener en tant que de besoin au fil de la classe, et non sur un horaire dédié le déconnectant des autres apprentissages. Cela suppose des possibilités de varier les situations d’apprentissage ;
  • l’interdisciplinarité peut avoir du sens, mais les travaux de recherche montrent qu’elle profite surtout aux élèves en situation de réussite scolaire. L’encourager, oui, mais en créant les conditions pour qu’elle profite à tous, non pas la rendre obligatoire sur un horaire important pris sur les enseignements disciplinaires. Par ailleurs sont maintenus des parcours (artistique et culturel, avenir, citoyen) en plus des programmes, ce qui ne répond pas à la demande de simplification des prescriptions et peut amener l’enseignant à des choix contraints ;
  • la charge de travail de l’ensemble des personnels s’est alourdie du fait de la hausse des effectifs et des suppressions de postes 2007-2012, qui n’ont pas encore été compensée, le renvoi au local de l’organisation des enseignements (sciences et technologie en Sixième, accompagnement personnalisé, EPI, groupes à effectif réduits, voire contenus des programmes si des repères annuels ne sont pas introduits) ne fera qu’aggraver la situation ;
  • les dispositifs linguistiques et les langues anciennes sont mis en difficulté sans qu’aucun bilan n’ait été rendu public concernant leur apport à la démocratisation du collège.

3. LE SNES-FSU DANS L’ACTION POUR UNE AUTRE RÉFORME

Si les personnels approuvent les objectifs de la réforme du collège – faire réussir davantage d’élèves dans un collège pour tous -, ils rejettent largement les solutions imposées au lendemain d’une grève majoritaire, sans temps réel de concertation ni prise en compte des demandes de la profession.
Les personnels souhaitent avant tout de meilleures conditions d’études pour leurs élèves, et de travail pour eux-mêmes.

Cela passe par la possibilité pour toutes les disciplines de bénéficier d’heures en petit groupe cadrées
nationalement, la simplification des prescriptions concernant les contenus d’enseignement (tout doit être dans les programmes) et les modalités d’évaluation (pas de livret de compétences). Cela nécessite que soit posée la question de la mixité scolaire et sociale et des effets délétères de l’autonomie.

Une réforme ne peut réussir que si les personnels la portent. Le ministère devrait y prêter attention.