Cette lettre sera distribuée aux parents d’élèves le 18 octobre.
Madame, Monsieur,
Nous tenons à vous faire part de notre profond désaccord avec le projet éducatif présenté par le Président de la République.
Nous travaillons chaque jour avec la volonté de tisser, par l’accès à la connaissance , les liens entre nos élèves et la société dans laquelle nous vivons. Cet accès ne peut se faire sans des enseignants qualifiés (recrutés par un concours national), formés (spécialistes de leur discipline) et reconnus, ce qui garantit leur égale valeur sur tout le territoire et leur indépendance face aux pressions diverses.
Vous souhaitez que la continuité du service public soit assurée lorsqu’un professeur est absent, nous le souhaitons également. Mais les restrictions budgétaires actuelles et en projet sabordent le dispositif de remplacement des personnels.
Le projet présidentiel prévoit de réduire le volume horaire des enseignements. Ce serait accentuer les inégalités et les difficultés des élèves, c’est encourager le recours au soutien scolaire, aux organismes privés, c’est ouvrir la porte à une école payante. Moins vos enfants auront d’heures de cours, plus ils seront livrés à eux-mêmes, plus vous serez amenés à recourir à des structures de formation payantes !
Pour que l’unité des missions de l’école (gratuité, égalité, qualité) soit garantie, le caractère national des programmes doit être préservé, la formation initiale des élèves au lycée doit rester ambitieuse. La diversité des séries (L,ES,S,STG ....) est remise en question mais elle seule peut permettre à l’élève d’acquérir une riche culture générale, de se construire comme citoyen et d’envisager progressivement son projet professionnel. Comment amener les élèves à « s’interroger sur les savoirs , à se construire comme citoyen »,quand les effectifs de classe en lycée atteignent , voire dépassent les 35 élèves, quand le système éducatif français offre le moins d’heures de cours en effectifs réduits (groupes, TP,TD) de tous les pays européens ?
Notre société est en perpétuel changement, une plus grande culture générale, c’est la possibilité d’une qualification élevée, c’est la possibilité de s’intégrer durablement dans le milieu professionnel. Les concours, seuls garants de l’anonymat, de l’équité et de la qualification alimentent les viviers de l’université. Ils sont aujourd’hui remis en question ! Les perspectives de formation et d’avenir de vos enfants sont donc fragilisées.
Ne vous y trompez pas, les considérations budgétaires pilotent le projet éducatif du président !
Son Ecole au rabais, nous n’en voulons pas !
Moins le gouvernement aura d’ambition pour les élèves, moins l’Ecole coûtera à la nation, plus vos enfants seront sous-qualifiés et sous-payés et auront des difficultés à s’insérer durablement dans le monde du travail.
Cette Ecole là, nous n’en voulons pas !
Nous nous battons pour un service public d’éducation ambitieux
pour la jeunesse et ses personnels
et nous espérons vous retrouver dans ce combat.